137 ans après Lafargue, le droit à la fainéantise plus vital que jamais

Malgré les explications alambiquées qui ont suivi, la phrase d’Emmanuel Macron disant qu’« il ne cédera rien aux fainéants » alors qu’il s’exprime sur la loi travail est très claire : dans la plus pure tradition populiste de droite, il fustige tous ceux qui « profitent » d’un système de protection jugé trop généreux et qui seraient heureux d’être au chômage. C’est évidemment scandaleux et explique les tentatives de rétropédalage.

Mais ce que cela sous-tend sur le fond est peut-être encore plus grave : avec cette déclaration, il remet au pinacle la « valeur travail ». Or, comme l’a démontré Paul Lafargue dès 1880 en publiant Le Droit à la paresse, le travail n’a aucune valeur en lui-même. Ce n’est qu’une fable qui a été inventée par les capitalistes de l’époque pour mieux exploiter jusqu’au trognon les masses ouvrières.

Ce principe de gouvernement des classes dirigeantes n’a pas beaucoup évolué en un siècle et demi. En revanche, il y a un élément nouveau qui doit nous amener à combattre avec force ce dogme aberrant : ce sont les évolutions technologiques qui suppriment de nombreuses tâches peu épanouissantes et surtout la conscience de la finitude de la planète. Faire du travail une « valeur » conduit aujourd’hui forcément soit à créer des emplois totalement inutiles soit à exploiter de façon encore plus inconsidérée les ressources naturelles qui nous restent encore.

Alors que la seule question qui mérite d’être traitée, c’est comment faire pour que chaque être humain puisse avoir accès à ses droits fondamentaux en matière de nourriture, de logement, de santé, de culture et de loisirs. Tout le reste n’est que ruses pour permettre aux riches d’être toujours plus riches, ce que nous constatons depuis plusieurs décennies.

 

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