Les petits pas contre le développement du trafic aérien

Ce mardi 9 mai se tenait un rassemblement devant le ministère de la Transition écologique réunissant des élus, des associations et des citoyens pour souligner toutes les nuisances causées par le trafic aérien sur la santé des riverains et sur l’environnement.

Mais ça fait plus de vingt ans que ce genre de manifestation existe… A l’époque tous ces élus et des associations comme l’Advocnar demandaient surtout la modification des trajectoires d’approche et la création d’un troisième aéroport desservant l’Ile-de-France pour réduire les nuisances subies par les Val-d’Oisiens, mesures complètement illusoires. Aujourd’hui, ils réclament un plafonnement du nombre de vols à Roissy et l’établissement d’un couvre-feu comme dans de nombreux aéroports européens, ce qui est déjà plus responsable et plus efficace.

Mais aucun n’a réclamé la taxation du kérosène des avions à l’égal du carburant des voitures, pourtant première mesure, simple à mettre en œuvre, pour mettre un coup d’arrêt au développement du trafic aérien. Et ne parlons du maire de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, qui, en toute innocence, a évoqué le fait que le trafic aérien participait au réchauffement climatique, alors que son projet Europacity qu’il a défendu bec et ongles y participait directement par la bétonisation des terres agricoles et par le supplément de trafic aérien qu’il engendrait !

Pourquoi avons-nous des élus toujours en retard de vingt ans sur les diagnostics et les solutions à mettre en œuvre ?

Pour ou contre la gare en pleins champs, la vraie ligne de partage politique

Depuis que je milite, la frontière entre la gauche et la droite a toujours eu pour moi une forte réalité. Schématiquement, la gauche défendait l’intérêt général dans la mesure où les plus défavorisés formaient l’immense majorité de la population, et la droite défendait des intérêts particuliers, ceux des plus favorisés qui étaient une minorité.

Cette frontière a commencé à devenir plus floue quand, sous le quinquennat Hollande, j’ai vu que Angela Merkel se prononçait clairement pour l’arrêt du nucléaire et avait un discours généreux envers les immigrés qui affluaient du Moyen-Orient, tandis que le prétendûment socialiste François Hollande continuait dans ses délires nucléaires avec l’EPR et restait fermé à tout réel accueil des populations en détresse.

Aujourd’hui, la ligne de partage est toujours entre ceux qui défendent l’intérêt général et ceux qui défendent des intérêts particuliers. Mais la notion d’intérêt général s’est sensiblement élargie, à savoir qu’elle comprend l’ensemble des humains vivant sur Terre et pas seulement la majorité la plus défavorisée, mais surtout parce qu’elle prend aussi en compte les générations futures.

Parmi tous les problèmes écologiques qui se posent à la planète, celui du réchauffement climatique est central. Nous avons pris trop de retard, l’heure n’est plus aux tergiversations et aux demi-mesures, il faut un complet changement d’état d’esprit qui se traduise immédiatement par des réalisations concrètes. Les excellentes terres agricoles du Triangle de Gonesse offrent l’opportunité de mettre en place un projet qui répond aux besoins d’aujourd’hui, le projet Carma. Mais ce projet ne pourra voir le jour si, au milieu de ce site exceptionnel, se construit une gare ne desservant aucun habitant !

C’est pourtant à cette gare au milieu des champs que s’accrochent bien sûr la droite mais aussi hélas bon nombre d’élus socialistes de l’est du département. Après avoir défendu les projets les plus destructeurs (circuit de formule 1, Europacity), ils reconnaissent aujourd’hui que, finalement, Europacity n’était peut-être pas une si bonne idée que ça mais, contre toute logique, ils continuent à vouloir leur gare, au nom d’un développement économique qui ne développe rien du tout sinon des nuisances et au nom de la création d’emplois qui, on l’a maintes fois vérifié, est complètement illusoire et mensongère.

Cette vision nous conduit droit dans la tombe. Il est impossible de construire quoi que ce soit pour un avenir que nous continuons à espérer radieux avec des élus ou des candidats gardant ces schémas de pensée qui ont fait la preuve de leur nocivité. Se prononcer aujourd’hui pour la gare en pleins champs, c’est révélateur d’un état d’esprit qui est complètement dépassé, c’est la vraie ligne de partage entre ceux qui continuent à nous envoyer dans le mur et ceux qui prennent la défense du bien commun assurant l’avenir des générations futures.

La ZAD est morte, vive la ZAD !

Ils n’ont donc pas perdu de temps : après le jugement du tribunal judiciaire de Pontoise vendredi ordonnant l’expulsion des occupant-es qui défendaient les terres agricoles de Gonesse, les « forces de l’ordre » ont procédé à cette expulsion mardi matin à l’aube. Cela s’est fait sans violences physiques et c’est tant mieux, mais il n’empêche que la violence d’État qui s’exerce ainsi est insupportable.

Car si d’un point de vue purement juridique cette ordonnance d’expulsion avait une certaine logique, il n’y avait aucune urgence à la faire appliquer parce que d’un point de vue politique elle est complètement absurde. Après l’abandon d’Europacity et du terminal 4 de Roissy la ligne 17 a encore moins de raisons d’être qu’avant, et il est effrayant de constater qu’il peut encore se trouver des « responsables » politiques réclamant la construction d’une gare ne desservant aucun habitant sur des terres parmi les plus fertiles d’Europe.

Cette ZAD qui a tenu 17 jours sur le terrain en provoquant un immense élan de solidarité a magnifiquement joué son rôle de lanceur d’alerte et elle reste maintenant complètement vivante dans les esprits, ce qui peut permettre qu’enfin des projets responsables répondant vraiment aux enjeux d’aujourd’hui et de demain soient développés sur ces terres plutôt que les chimères de quelques élus locaux empêtrés dans leur vision passéiste aggravant les problèmes auxquels nous devons faire face.

Le maire de Gonesse vire vers l’extrême-droite

La marche de Gonesse à Matignon pour la sauvegarde des terres agricoles de Gonesse devait partir ce matin du chemin de la Justice à 9 h 30 et elle est partie à l’heure dite, ce qui est vraiment exceptionnel pour une manif. Gentiment encadré par les forces de l’ordre devant et derrière, le cortège s’est arrêté devant la mairie de Gonesse où le maire, Jean-Pierre Blazy, avait mobilisé quelques dizaines d’élus et d’employés municipaux pour réaffirmer leur soutien au projet climaticide d’Europacity. Avec des pancartes affirmant que « 81 % des Gonessiens soutiennent le projet Europacity » alors qu’on a encore eu la preuve du contraire ce matin.

Mais, surtout, pendant que se déroulaient les prises de paroles de membres du CPTG, de « Nous Gonessiens », de la CGT95, de syndicats de commerçants et d’élus comme Clémentine Autain, les obligés du maire se sont mis à scander des slogans comme « Rentrez chez vous », un des slogans préférés de l’extrême-droite… Comme si les terres agricoles, l’air qu’on respire n’appartenaient qu’à ceux qui sont dans les étroites limites artificielles d’une commune et qui auraient le droit d’empoisonner toute la région.

Heureusement, la manif a pu tranquillement continuer son chemin vers La Courneuve, sous les applaudissements des rares commerçants de Gonesse qui arrivent encore à survivre en centre-ville.

Les scandaleuses pratiques du conseil départemental

Vendredi 27 septembre, la présidente du conseil départemental, Marie-Christine Cavecchi, a distribué et lu en toute fin de séance un projet de motion pour soutenir Europacity, motion dont les conseillers n’avaient pu avoir connaissance auparavant comme c’est l’usage. Outre le fait que cette motion est un condensé de bêtise et de mauvaise foi avec de plus l’évocation honteuse des émeutes de Villiers-le-Bel pour justifier un projet dont les habitants ne bénéficieront en rien, la présidente a eu le culot de diffuser officiellement un texte où il est dit que sa motion a été votée à l’unanimité, alors qu’il y a eu 2 votes contre (Sylvie Couchot et Nessrine Menhaouara) et 1 abstention (Cédric Sabouret).

Il est vrai que ce projet est tellement absurde qu’il a maintenant besoin de pratiques frauduleuses pour être défendu. Mais les auteurs de telles pratiques ne sont plus dignes d’être des représentants du peuple.

A Gonesse, les militants toujours présents sur la zone à défendre

Ce matin 25 juillet, journée où la France bat des records de chaleur, des citoyens se sont mobilisés pour la troisième fois afin de stopper les travaux qui ont débuté sur le Triangle de Gonesse et préserver ces hectares de fraîcheur.

Il s’agit de travaux préparatoires pour l’adduction d’eau de la future gare qu’espère le groupe Auchan pour desservir son monstre Europacity. Ils ont pu commencer à cause d’un arrêté pris par le préfet du Val-d’oise, préfet qui ne doit pas bien connaître la loi puisque les terrains prévus pour cette gare sont toujours à cette heure classés zone naturelle en vertu du jugement du tribunal administratif annulant le PLU décidé par le maire de Gonesse Jean-Pierre Blazy.

C’est sans doute pour cette raison que, pas très à l’aise dans ses baskets, le préfet fait tout pour qu’il n’y ait pas d’incidents entre les citoyens bloquant les travaux illégaux, les ouvriers du chantier et la police nationale. Les 2 et 5 juillet la police avait évacué en douceur les manifestants par principe pacifiques et non-violents, ce matin, elle s’est même contentée de faire un barrage symbolique pour empêcher les militants présents chemin de la Justice de rejoindre ceux qui bloquaient les engins de chantier.

Plus que jamais, le réchauffement climatique nous dit que les terres agricoles du Triangle de Gonesse sont une zone à défendre !

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Salle archicomble au meeting contre Europacity

Ils étaient assis sur les marches, ils étaient assis par terre, ils sont restés debout, ils sont restés dans le hall pour pouvoir écouter malgré tout. Alors que les organisateurs n’étaient pas sûrs de remplir les 700 places de la salle Olympe de Gouges dans le 11e arrondissement, c’est finalement presque le double de personnes qui se sont déplacées ce 20 février pour manifester leur opposition au projet mégalomaniaque et destructeur Europacity.

Du côté de la scène ça se passait bien aussi avec de nombreux intervenants de qualité venus rappeler l’aberration de ce projet et présenter le projet alternatif Carma : politiques, associatifs, scientifiques, journalistes, juristes, jardiniers… Et avec la bonne idée d’inviter la merveilleuse Emily Loizeau pour faire une coupure entre les deux salves d’interventions.

Bravo à tous les militants du CPTG d’avoir su donner de l’ampleur à cette lutte qui maintenant ne peut plus qu’être victorieuse !

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Tragique choc des cultures à Gonesse

C’est au terme d’une séance plus que houleuse que le conseil municipal de Gonesse a, comme c’était prévisible, adopté la modification de son plan d’occupation des sols (PLU) permettant l’implantation d’Europacity. Le maire avait invité les habitants de sa ville à venir au conseil pour marquer leur approbation, et comme les opposants avaient également prévu de faire le déplacement, c’est dans une salle pleine à craquer où la température montait d’heure en heure qu’a commencé l’interminable intervention du rapporteur chargé de proposer l’approbation de la révision du PLU. Intervention qui a surtout consisté en une attaque fort peu honnête des conclusions du commissaire chargé de l’enquête publique qui avait émis un avis défavorable dument étayé.

Suivirent les interventions des élus, presque toutes favorables à Europacity, et sans doute pour la plupart croyant sincèrement au bien-fondé de ce monstrueux projet. Et si je n’étais pas gêné, lors du débat public, pour dénoncer la nocivité tant écologique que sociale de cette potentielle source de profits défiscalisés pour Gérard Mulliez, je ne peux être insensible aux arguments des Gonessiens qui se sentent abandonnés par la République, qui croient que ce centre commercial de luxe va leur apporter quelque chose, et qui fustigent les bobos parisiens qui viennent leur faire la leçon depuis leurs beaux quartiers.

Ces bobos parisiens n’existent pas vraiment, la plupart habitent le Val-d’Oise ou la Seine-Saint-Denis, mais il est vrai qu’en général ils sont issus de classes sociales un peu moins défavorisées que la majeure partie des habitants de Gonesse. Mais, historiquement, ce ne sont pas des femmes et des hommes issus des classes populaires qui ont ouvert le chemin de la lutte pour la défense des classes laborieuses — Marx, Proudhon, Jaurès, Blum et bien d’autres étaient tous issus de la bourgeoisie — et là nous nous trouvons dans le même cas de figure : ceux qui doivent se battre au quotidien pour trouver un boulot et survivre ne peuvent évidemment pas consacrer du temps à défendre l’intérêt général, et ce n’est que parmi ceux qui sont relativement dégagés de ces contingences immédiates que l’on peut trouver des femmes et des hommes qui essayent de penser l’avenir à l’échelle des générations futures.

Et, même sur le court terme, il est tragique de constater que des jeunes de chez nous croient que ce complexe pour touristes internationaux leur apportera quelque chose, alors que ni les commerces ni la « culture » proposée ne seront pour eux, à peine quelques emplois qui ne compenseront pas ceux qui seront perdus ailleurs. Hélas hélas, ce n’est pas la tenue du conseil municipal de Gonesse d’hier soir qui contribuera à ce que les différentes parties puissent commencer à se comprendre. Et, au final, c’est encore la planète et les plus défavorisés qui sont perdants.

Les limites du débat public sur Europacity

La loi de 1995 instituant la Commission nationale du débat public (CNDP) a été incontestablement un progrès démocratique puisqu’elle a permis que les grands projets d’aménagement ne se négocient plus discrètement entre élus déconnectés et promoteurs intéressés mais soient débattus au grand jour. De plus, la loi de 2002 relative à la démocratie de proximité garantissant l’indépendance de la Commission est appliquée et il n’y a pas lieu de mettre en cause la neutralité des membres qui animent, du 15 mars au 30 juin, le débat public sur le projet Europacity porté par le groupe Auchan.

Toutefois, on ne peut pas dire que tous les participants soient à égalité dans ce débat : si, effectivement, n’importe quel citoyen lambda peut s’exprimer lors des réunions publiques et lors des ateliers thématiques, tout le monde ne bénéficie pas des mêmes conditions. Exemple avec l’atelier sur « l’offre culturelle et de loisirs et l’attractivité touristique » qui s’est tenu le 11 mai à Villiers-le-Bel : il y a les « experts » qui sont face à la salle, qui utilisent l’écran pour passer leurs diapositives et qui disposent jusqu’à 20 minutes, et il y a le public dans la la salle qui a droit à 1 minute pour poser une question ou 3 minutes pour faire une intervention.

Cette inégalité entre « experts » et public ne serait pas gênante si la parole des experts était réellement neutre. Or, si l’on peut considérer que c’était le cas de l’intervention du directeur de l’Observatoire des politiques culturelles, ce ne fut plus vrai pour les suivants. Après la présentation, logiquement sous son meilleur jour, par le maître d’ouvrage de son projet, les interventions du représentant de la Réunion des musées nationaux et de celle d’Universciences — qui ont noué des « partenariats » avec le maître d’ouvrage mais ne seront pas forcément opérateurs — visaient à montrer tout l’intérêt du projet. Encore plus avec les interventions d’un membre du conseil scientifique de l’Atelier international du Grand Paris et d’un de ses partenaires qui avançaient des données et des chiffres complètement invérifiables pour arriver à la conclusion que le projet d’Immochan était vraiment une bonne chose pour le  tourisme.

La vraie égalité de traitement, ce serait que les opposants à Europacity puissent disposer des mêmes conditions d’exposé de leurs arguments avec appel à des experts et projection de documents audiovisuels. Tout en sachant que, si cela pourrait avoir un effet sur les citoyens venus de bonne foi s’informer, cela n’aurait guère d’influence sur le maître d’ouvrage qui reste libre de sa décision…