Pas Darmanin, Barnier-Retailleau

J’étais encore optimiste dans mon article du mois dernier en disant que Macron n’avait d’autre issue que nommer quelqu’un comme Gérald Darmanin comme Premier ministre pour bénéficier de la bienveillance du Rassemblement national.

Il est allé encore plus loin que mes humbles pronostics en nommant Premier ministre un membre des Républicains, Michel Barnier, qui lui-même a été prendre son ministre de l’Intérieur à la droite de la droite. Un certain Bruno Retailleau, qui dit de façon ouverte dès sa prise de fonctions que son prédécesseur n’a rien fait et qu’on allait voir ce qu’on allait voir.

Tous les gens normalement constitués se sont indignés de cette situation donc je n’en rajouterai pas. Et je vais maintenant m’abstenir de faire de nouvelles (sombres) prédictions, de peur que la folie de ceux qui sont aux manettes nous mène encore plus près du précipice.

L’assassin de la République

En ce moment où le temps est comme suspendu, il n’est pas inutile de regarder de plus près le chemin qui a été suivi par celui qui est en train d’entraîner le pays dans le précipice. Déjà, quand il était ministre dans un gouvernement de gauche, toute son action était en fonction de ce qu’il croyait sans aucune considération pour le résultat de la délibération collective, plusieurs de ses anciens collègues peuvent en témoigner.

Sa démission du gouvernement Valls, alors qu’ils sont sur les mêmes positionnements politiques, n’est encore dictée que par son intérêt personnel. Bénéficiant de la division de la gauche, des casseroles qui plombent la candidature de François Fillon et du rejet du Front national, il sera élu président de la République alors que, contrairement à tous ses prédécesseurs, il n’avait montré aucune des qualités qui permettaient d’y prétendre.

Alors que les circonstances de son élection auraient dû l’obliger à mener une politique au centre, cet ancien employé de la banque d’affaires Rothschild a, de façon de plus en plus ouverte, mené une politique servant les intérêts de ses amis du monde de la finance. Normal, c’est un monde dont, malgré ses fonctions, il fait toujours intégralement partie.

C’est toujours en fonction de son intérêt personnel et de celui de ses amis que, aujourd’hui, il refuse de s’incliner devant les résultats du suffrage universel avec des arguties qui ne résistent à aucune analyse sérieuse. En agissant ainsi il se déshonore — tout le monde s’en fout — mais surtout il salit la fonction de président de République et donc abîme la République qui n’avait pourtant pas besoin de cela.

Où cette attitude irresponsable va-t-elle nous mener ? Qu’a-t-il maintenant comme issue, à part nommer quelqu’un comme Gérald Darmanin ? Darmanin qui fait partie du « bloc central » mais qui est un ancien des Républicains et dont l’attitude guerrière envers l’immigration et les écologistes peut lui valoir une certaine indulgence de la part de ses anciens amis et du Rassemblement national et ainsi échapper aux motions de censure.

Bien au-delà des partis, le peuple de gauche ne pourra accepter pareille forfaiture. Le locataire de l’Élysée est un dangereux pyromane.

Centenaires

Les médias se plaisent à évoquer que ces J.O. Paris 2024 marquent le centenaire des J.O. Paris 1924. Pourquoi pas… Mais pour moi 2024 appelle un autre centenaire qui fait aussi écho à la situation d’aujourd’hui : la victoire du Cartel des gauches aux élections législatives de 1924.

Désunie, la gauche perd les élections législatives de 1919. Elle en tire les leçons pour les élections de 1924 et présente partout des listes communes (radicaux-socialistes, socialistes, indépendants ou unifiés) et gagne une confortable majorité. De ce fait, le bras-de-fer qui oppose le Cartel des gauches au président de la République Alexandre Millerand — qui avait commencé sa vie politique à gauche mais avait viré à droite et exerçait sa fonction de façon de plus en plus interventionniste (tiens tiens…) — contraint celui-ci à démissionner.

Emmanuel Macron ferait bien de tirer les leçons de cette épisode et de nommer rapidement Lucie Castets à Matignon s’il ne veut pas finir dans les poubelles de l’histoire.

Le président préside, le gouvernement gouverne

« On ne gouvernera pas avec la France insoumise », a encore osé dire Emmanuel Macron hier. Comme si, après tous les dégâts qu’il a faits au pays et en particulier aux plus faibles, il était encore en état de gouverner et de décider qui doit gouverner. Au soir du second tour, il aura la tâche institutionnelle de désigner un Premier ministre. Mais il devra le faire en fonction de ce que décideront les députés nouvellement élus, eux-mêmes devant en discuter avec les instances de leurs partis respectifs.

Le RN étant mis hors-jeu par tous les démocrates, ça sera au bloc le plus important de faire des propositions à celui arrivé derrière. Et donc, comme il est probable et éminemment souhaitable, au Nouveau Front populaire de proposer un ensemble de mesures marquant la rupture mais qui soient néanmoins acceptables par l’ancienne majorité présidentielle pour éviter le chaos qu’induirait l’impossibilité de former un gouvernement.

Il est temps que ce monsieur redescende sur Terre, se rende compte que sa politique et sa façon d’être sont massivement rejetées et qu’enfin il se mette au service au pays en respectant les règles démocratiques comme ont su le faire Mitterrand et Chirac en leur temps.

Qui choisit le Premier ministre ?

Je suis étonné par tout ce qui se dit en ce moment autour du futur Premier ministre : Jordan Bardella pose ses conditions et Jean-Luc Mélenchon, après avoir fait profil bas, laisse réapparaître son naturel autoritaire. L’un comme l’autre semblent croire dur comme fer que c’est leur camp qui choisira. Vraiment ?

Car si effectivement en 1986, 1993 et 1997 François Mitterrand et Jacques Chirac avaient nommé Premier ministre le candidat proposé par la nouvelle majorité (Jacques Chirac, Edouard Balladur et Lionel Jospin), lors de la première cohabitation Mitterrand avait refusé que Jean Lecanuet devienne ministre et refusé d’attribuer le ministère de la Défense à François Léotard (ce qu’il a accepté sept ans plus tard).

Donc, la simple connaissance de l’histoire nous rappelle que c’est le président de la République qui nomme les ministres, y compris le premier d’entre eux : le soir du 16 mars 1986, Mitterrand a annoncé à la télé « j’appellerai, demain, un Premier ministre issu de cette majorité ». Qui peut croire qu’Emmanuel Macron se sentira obligé par le choix du RN, de LFI ou même du Nouveau Front populaire ? Que feront les troupes RN si Macron nomme par exemple Sébastien Chenu ? Ils voteront la censure ? Et s’il nomme Raphaël Glucksmann ou François Ruffin ? Comme en 1936 les communistes, LFI se réfugiera dans le soutien sans participation ?

Comment se fait-il que les divers analystes aient à ce point oublié que c’est le président de la République qui nomme le Premier ministre et n’explorent pas toutes les pistes que permet ce choix ?

La rancune à la rivière

« Il faut jeter la rancune à la rivière » : la première fois que j’ai entendu cette expression c’était dans la bouche de Valéry Giscard d’Estaing à propos de son ancien Premier ministre Jacques Chirac. C’est Jean-Luc Mélenchon qui l’utilise aujourd’hui pour justifier son accord avec les autres partis de gauche, alors que des propos plus qu’acerbes sur le fond et la forme ont fusé de part et d’autre ces derniers mois.

Fort bien. Vu le danger représenté par l’extrême droite aux portes du pouvoir, on ne peut que s’en féliciter. Mais cet état d’esprit qu’il applique à l’égard des partenaires, que ne l’applique-t-il à l’intérieur de son mouvement ? Vu le fort désir d’union qu’il y a toujours eu parmi le peuple de gauche, sans doute a-t-il jugé qu’il n’avait pas le choix en ce qui concerne les partenaires. Mais pas question d’appliquer le même principe chez lui. François Ruffin et Clémentine Autain ont été épargnés parce que trop connus et trop populaires, mais exit les autres qui ont commis un crime de lèse-majesté en gardant leur liberté de parole en interne. Chez les Insoumis on n’accepte que les soumis.

Malgré ses indéniables qualités de débatteur, Jean-Luc Mélenchon est incapable d’expliquer et de justifier sérieusement ces contradictions. Et cela augure bien mal des relations à l’intérieur de ce gouvernement de gauche que j’appelle de mes vœux.

Mélenchon, le fossoyeur du Nouveau Front populaire

La décision de Mélenchon de ne pas investir les députés de LFI qui ne lui obéissaient pas le petit doigt sur la couture du pantalon est un coup de poignard dans le dos des millions de citoyennes et citoyens pour qui l’avènement du Nouveau Front populaire avait suscité un immense espoir.

Programme clarifié sur des sujets clés comme l’Ukraine, répartition non hégémonique des circonscriptions, nous avons été nombreux à penser que LFI revenait à la raison pour ne pas rater l’opportunité historique qui s’offrait à la gauche. Mais non, ce n’était qu’une posture provisoire. Dans le monde de Mélenchon, tous ceux qui ne pensent pas comme le chef doivent être éliminés. Il a fait profil bas parce qu’il n’avait pas de rapport de forces favorable à l’intérieur de la gauche, mais là où il est en position de force il exerce celle-ci de la façon la plus brutale, trahissant l’esprit et la lettre de l’accord qui venait d’être signé.

Tous les démocrates sincères qui pensaient éventuellement se laisser tenter par un vote NFP, effrayés par les pratiques du personnage, vont maintenant reculer. C’est ce qu’il voulait : s’il ne peut pas être le chef incontesté de la gauche, il préfère que la gauche perde. Il ferait mieux de se préoccuper de l’image que l’histoire gardera de lui : le fossoyeur des espoirs du peuple de gauche.

Le sport j’adore, les JO j’abhorre !

Le sport c’est super ! Que ce soit dans les disciplines individuelles ou dans les sports collectifs, dans la plupart des cas la pratique sportive permet de se sentir bien dans son corps et par voie de conséquence bien dans sa tête. Pour les jeunes cela a une importante valeur éducative, pour les plus âgés cela permet d’entretenir la forme et de ralentir le vieillissement. Et, quand il est pratiqué en club, le sport est aussi un outil important pour favoriser le vivre ensemble.

En quoi retrouve-t-on ces valeurs et ces bienfaits dans les Jeux olympiques ? Le fait de vouloir être le meilleur au niveau mondial, de surclasser des milliards d’êtres humains, oblige à une préparation équivalente à de l’esclavage sans droits sociaux pour pousser un corps à l’extrême limite de ses possibilités naturelles, conduisant fatalement à être tenté par des moyens artificiels allant du dopage classique aux manipulations génétiques.

Quand ce n’est pas le sportif lui-même qui en prend l’initiative, les États, en particulier les États totalitaires, s’en chargent pour lui avec des moyens sensiblement plus importants. Parce que, au final, que ce soit les grandes puissances ou les pays émergents, tous vont compter et mettre en avant le nombre de médailles, le nombre de fois où leur drapeau sera hissé et leur hymne joué, donc exacerber un nationalisme qui n’a pas grand-chose à voir avec les valeurs qu’était censé porter l’olympisme.

Sans même parler des dessous financiers de toute cette affaire, les Jeux olympiques ne sont décidément plus un événement qui sert le sport !

Faire semblant est pire que de ne rien faire

L’événement que l’on vient de me rapporter confirme ce qui devrait être une évidence pour tout le monde : décréter que les vélos peuvent rouler à contresens des voitures sans mettre en place les infrastructures appropriées, c’est mettre les cyclistes en danger.

Depuis 28 ans qu’il est à la mairie, M. Strehaiano n’a procédé à aucun aménagement cyclable et brusquement, parce que c’est devenu à la mode et que d’autres villes font de réels efforts en la matière, le maire prend conscience qu’il ne peut pas rester délibérément à l’écart. Mais, comme il ne veut pas que ça lui coûte, il fait semblant : il se contente de mettre des pictogrammes un peu n’importe comment dans certaines rues mais sans rien modifier à la voirie. Oui, je le dis sans hésiter : le maire de Soisy sera responsable de l’accident qui, hélas, ne manquera pas d’arriver.

Rue Jean-Mermoz

Sénatoriales : la tromperie et les silences de Pierre Barros

A l’heure où tout le monde se prétend écologiste, pas difficile de s’approprier le mot comme le fait Pierre Barros. En revanche, oser écrire que sa candidature s’est construite dans « un collectif regroupant l’ensemble des forces de gauche, écologistes et citoyennes du Val-d’Oise dans le périmètre de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale », alors que deux partenaires sur quatre de la Nupes en sont absents, constitue une des plus belles tentatives de tromperie de cette campagne pour les sénatoriales.

Surtout, comment oser prétendre représenter l’écologie alors qu’il a été absent de tous les combats majeurs qui ont eu lieu dans le Val-d’Oise ces dernières années et qu’il n’en dit pas un mot dans son programme ?

Rien sur l’avenir du Triangle de Gonesse et sur le scandale que constitue le projet de construction d’une cité scolaire sous le bruit des avions. Rien sur les nuisances aériennes, l’aéroport de Roissy rapportant trop d’argent à la communauté d’agglomération dont il est vice-président. Pourtant, le Sénat serait lieu idéal pour relayer les revendications que portent les écologistes depuis des années : couvre-feu, TVA sur les billets et taxation du kérosène.

Alors, ce n’est certainement pas le bulletin de Pierre Barros que les écologistes mettront dans l’urne dimanche 24 septembre.