Les responsables politiques ont-ils vraiment tout fait pour éviter la montée du terrorisme ?

Porté par l’immense émotion qu’ont manifestée la quasi-totalité des habitants du pays suite à l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo et des policiers, le président de la République a décrété une journée de deuil national et il a eu raison de le faire. Quelques heures après ce terrible événement, il est malgré tout rassurant de constater que tous les partis politiques démocratiques se retrouvent ensemble pour dire que nous ne laisserons pas porter atteinte à notre liberté de penser et à notre liberté d’expression, fondements du vivre-ensemble de la République.

Pour autant, cet unanimisme républicain ne doit pas être un moyen pour la classe politique de s’exonérer de la responsabilité qu’elle a dans la survenue de ce genre d’actes barbares : quand on vit dans un pays où, depuis 30 ans, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, fatalement il y a un moment où cela explose d’une façon ou d’une autre. Des jeunes de plus en plus nombreux, quelle que soit leur origine, simplement parce qu’ils ne sont pas nés au bon endroit, s’aperçoivent qu’ils n’ont d’autres perspectives que de vendre leur force de travail dans des conditions de plus en plus difficiles et dégradantes juste pour pouvoir survivre. Ceci dans un des pays les plus riches du monde où des gens propres sur eux leur expliquent à longueur de temps qu’il faut aller encore plus loin dans cette politique libérale mortifère pour sortir de la « crise ». Et où ils s’aperçoivent que l’usage du bulletin de vote et l’alternance démocratique ne changent rien au discours dominant et aux politiques menées. Comment s’étonner après que cette injustice, ce cynisme n’alimentent pas ensuite les actes les plus fous et les plus criminels ?

De tous temps les fanatismes politiques et religieux ont prospéré sur ces situations de désespérance. Bien sûr, la police et la justice doivent faire leur travail pour châtier les assassins, mais cela ne sera jamais suffisant. Le travail de fond qu’il faut faire maintenant, sur le long terme, c’est d’ôter toute raison aux jeunes de notre pays de s’en remettre à des manipulateurs sanguinaires et que la devise liberté-égalité-fraternité gravée au fronton de nos mairies ne soit pas bafouée en permanence par les valets de la finance internationale.

 

« Bref essai de thérapie économique de groupe »

Exceptionnellement, petite note de lecture, tant cela fait du bien d’avoir entre les mains un livre qui démonte le moteur qui fait fonctionner la finance internationale, finance internationale qui pille les ressources de la planète et appauvrit 99 % de ses habitants.

Cela s’appelle Bref essai de thérapie économique de groupe mais ça se lit comme un roman. L’auteur y rappelle ce que tout le monde sait mais que chacun veut continuer à ignorer, à savoir que l’ingénierie financière fabrique un arsenal d’armes de destruction massive contre l’économie réelle, celle dont nous avons besoin pour produire les biens et les services que nous consommons.

Cette ingénierie financière nous a fabriqué des produits dérivés (moyens pour les prêteurs de se garantir des risques encourus) de plus en plus sophistiqués qui se livrent entre eux à une espèce de course à l’échalote. Résultat, en quelques années cette « industrie » a produit l’équivalent de 40 années du PIB de l’ensemble de la planète ! C’est évidemment du virtuel, mais ce virtuel a le pouvoir de détruire le réel.

L’auteur trace quelques pistes pour essayer de désamorcer cette bombe à retardement, comme l’introduction d’une TVA sur marge frappant les échanges de produits dérivés et de réassurance, TVA qui aurait la vertu de rééquilibrer les finances publiques sans impacter ni le pouvoir d’achat ni le comportement des producteurs et des consommateurs.

Là où j’ai un peu plus de mal à suivre l’auteur, c’est quand il semble considérer que la somme de nos comportements individuels pourrait être un début de solution, comme de sortir de nos contrats d’assurance-vie. Pour ma part, j’aurais plutôt tendance à miser sur une réelle alternance politique dans un grand pays européen comme la France. Il est vrai que, après le retournement de veste du parti qui fut socialiste, il faut vraiment avoir la foi du charbonnier pour espérer que nous viendrons à bout de ce système mortifère autrement que par une crise comme celle de 1929.

En tout cas, lecture indispensable avant d’aller voter !

Denis Consigny, Bref essai de thérapie économique de groupe, Le Pré du Plain, 2014.  http://www.lepreduplain.com/

 

Ce gouvernement libéral a maintenant besoin de la violence meurtrière pour imposer ses projets nocifs

Après les ministres de l’Intérieur Marcellin, Poniatowski et Bonnet, tristement célèbres pour leur conception musclée du maintien de l’ordre, j’avais noté, en 1981 avec l’arrivée de la gauche au pouvoir et Gaston Defferre au ministère de l’Intérieur, une nette baisse de tension lors des manifestations.

Mais aujourd’hui la mort tragique de Rémi Fraisse, tombé alors qu’il manifestait pacifiquement contre le projet de barrage de Sivens destiné à accroître les profits de l’industrie agro-alimentaire et menaçant 94 espèces protégées, apporte une preuve supplémentaire que ce gouvernement n’est pas de gauche.

Cela fait maintenant des années que tous les démocrates dénoncent l’utilisation par les forces de police d’armes prétendument non létales (flash-balls, tasers) mais qui ont quand même des morts à leur actif. Ce gouvernement ne les a pas supprimées, il les utilise et, après le drame, s’essaie à des manipulations politiciennes. Manuel Valls avait déjà montré ce dont il était capable le 22 février lors de la manifestation à Nantes contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, on frémit en pensant au prochain degré que sa logique libérale ne manquera pas de lui faire franchir. Le libéralisme est un système intrinsèquement violent, et encore plus quand de plus en plus de monde s’aperçoit que ces gens nous mentent et nous envoient dans le mur.

 

La glissade sans fin du PS vers la droite pose la question des alliances pour les écologistes

La constitution du deuxième gouvernement de Manuel Valls ne fait que confirmer ce que pour ma part je sais depuis fort longtemps, à savoir que ce monsieur n’a rien d’un homme de gauche. Il fait la politique que lui réclame la finance mondiale et ce n’est assurément pas pour cela que le peuple de gauche a voté pour Hollande en 2012.

Les quelques courageux militants du PS qui essayaient de redresser la barre à gauche ont donc perdu la bataille. Que cela conduise à leur neutralisation ou à l’éclatement de ce parti, le constat est que plus rien ne différencie la politique menée par le PS de la politique menée par les partis de droite.

Le fait que le PS soit désormais à classer parmi les partis de droite pose immédiatement la question des alliances pour EELV. J’ai pleinement souscrit à la sortie du « ni-ni » initiée en son temps par Dominique Voynet puisque la démarche écologiste est intrinsèquement de gauche : c’est en effet la même désastreuse recherche de profit qui conduit à exploiter les hommes et à piller la planète, et il était logique que les écologistes qui ont fait la synthèse des deux problématiques recherchent prioritairement des alliances électorales avec ceux qui en portaient au moins une.

Trahis par notre partenaire privilégié, le risque de marginalisation nous guette. Bien sûr, il faut continuer à mener des luttes avec des associatifs et nos amis du Front de Gauche et du NPA qui ont des analyses proches des nôtres. Mais cela ne sera pas suffisant pour que l’écologie soit réellement prise en compte dans les politiques publiques. Totalement indépendants, nous devons aujourd’hui être en capacité de passer des accords électoraux, sur des engagements précis, avec tous les partis de l’arc républicain. Il serait criminel de refuser de voir que c’est par exemple Angela Merkel qui a arrêté le nucléaire en Allemagne et que certains élus locaux de droite mènent, de façon sincère, des politiques réellement innovantes.

Le simple fait d’annoncer ce changement tactique amènera, j’en suis sûr, au PS à réfléchir à deux fois avant de trahir les accords passés et devrait permettre de remettre l’écologie au cœur du débat politique.

 

 

 

Pour la première fois, il y a un enjeu clair aux élections européennes !

Les élections européennes sont les élections qui connaissent le plus fort taux d’abstention et ce désintérêt peut facilement s’expliquer : les citoyens constatent déjà qu’ils n’ont aucun contrôle sur ce que fait leur député à l’Assemblée nationale, alors le Parlement européen…

Les commentateurs ont essayé de pimenter les élections de dimanche prochain en faisant valoir que, cette fois-ci, du résultat des élections dépendrait la nomination du président de la Commission européenne. La belle affaire ! On est encore là dans la personnalisation, qui fait tant de mal à notre vie publique. D’autant qu’on a du mal à percevoir quelles sont les différences entre ceux qui sont considérés comme étant les seuls à avoir une chance d’arriver en tête — le conservateur, le libéral, le socialiste — sur un point essentiel : la négociation du Trans Atlantic Free Trade Agreement (Tafta, connu aussi sous les noms de TTIP ou PTCI).

Le Tafta est un accord commercial de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Pourquoi pas mais, à travers cet accord, les Etats-Unis tentent d’imposer leurs normes de production, qui sont souvent beaucoup plus laxistes que les nôtres en matières sociale, environnementale et de santé publique. Au nom de la rentabilité, on risque donc d’avoir une détérioration de nos conditions de vie. Surtout, cet accord prévoit qu’un tribunal arbitral pourrait, sur la plainte d’une société, déclarer « illégale » une disposition réglementant le droit du travail ou imposant des normes en agriculture prise par un pays.

Autrement dit, de façon maintenant tout à fait affichée, le monde de la finance dicterait sa loi aux représentants démocratiquement élus des citoyens ! La seule façon pacifique d’arrêter maintenant ce désastre social et sociétal, c’est de voter massivement pour les partis qui ont pris clairement position contre ce projet de traité, et principalement pour EELV, qui a été le premier à alerter sur les dangers encourus. Avec une majorité d’opposants au Parlement européen, ce projet de traité tombera aux oubliettes. L’enjeu de ces élections européennes est donc rien de moins que de sauver la démocratie !

 

 

 

Le millefeuille administratif de plus en plus indigeste

Dans la douche froide dont Manuel Valls a arrosé les Français, on aurait pu un moment croire qu’il y avait au moins une bonne nouvelle, puisqu’était reconnue la lourdeur des structures politico-administratives françaises. Las ! en y regardant de plus près, on s’aperçoit une fois de plus que la réalité aura peu de choses à voir avec l’effet d’annonce.

Il y a certes une certaine pertinence à trouver que les régions françaises sont trop petites. Mais, si certains regroupements sont certainement souhaitables, y procéder de façon systématique risquerait d’être culturellement hérétique et économiquement contre-productif. Surtout, le fait qu’il y ait éventuellement moins de régions n’enlève aucune des couches du millefeuille : commune, communauté d’agglomération, département avec ses cantons, région, nation, communauté européenne…

L’évocation de la disparition des départements relève elle aussi du « coup de com » : d’ici 2021, entre la pression des élus locaux et les changements de majorité quasiment inéluctables, nul doute que cette structure a encore de beaux jours devant elle… Et la campagne de l’an prochain pour ces élections départementales, selon un mode de scrutin très discutable, totalement nouveau mais qui sera sensé ne servir qu’une fois, risque d’être quelque peu surréaliste…

Comme si cela ne suffisait pas, il faut encore que l’Etat vienne un peu plus à brouiller les cartes en Ile-de-France, avec l’obligation pour les communautés d’agglomération d’avoir au moins 200.000 habitants. Alors qu’elles commencent juste à trouver leur vitesse de croisière et à être reconnues par les citoyens grâce à l’élection de ses représentants au suffrage direct, n’y avait-il vraiment rien de plus urgent que de tout chambouler ?

Avec ses quelque 120.000 habitants, notre communauté d’agglomération de la vallée de Montmorency avait pourtant une certaine cohérence et un début d’identité tout en restant à taille humaine. De même que notre voisine de Val-et-Forêt, même avec une population sensiblement moindre. Mais il va falloir maintenant revoir tous les découpages ? Comment les citoyens vont-ils arriver à se retrouver dans tout ce remue-ménage stérile ? Le but de ce gouvernement serait-il de les détourner un peu plus de la politique ?

 

Inquiétude et soulagement après le changement de gouvernement

Inquiétude, parce que le remplacement de Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls montre que le président de la République n’a rien compris au message que viennent d’adresser les Français. La ligne politique est mauvaise et de plus elle va maintenant être menée par quelqu’un qui ne peut qu’aller plus loin dans la dérive à droite, avec pour seul effet visible que les riches seront de plus en plus riches et que les pauvres seront de plus en plus pauvres. Forcément, un tel délitement social ne peut que mal finir.

Soulagement, parce que mon parti, Europe Ecologie Les Verts, a décidé de ne pas apporter sa caution à cette dérive. La décision a été prise en quelques heures par le bureau exécutif, mais, en tranchant dans ce sens, ses membres ont, eux, écouté ce que disaient les militants depuis plusieurs semaines. Cela veut dire que, malgré les nombreux nuages noirs, le pire n’est pas inéluctable.

Le pire n’est pas inéluctable parce que cela va permettre que EELV retrouve de la crédibilité après ce passage au gouvernement qui malheureusement n’a montré aucune évolution écologique palpable — au cours de la campagne municipale j’ai pu constater à quel point cette participation gouvernementale nous desservait auprès des Soiséennes et des Soiséens sensibles à l’écologie. Alors, maintenant, nous allons pouvoir défendre  notre projet sur la place publique sans avoir de boulet au pied, jusqu’à devenir la colonne vertébrale d’une réelle alternative à proposer au pays.

Nous devons travailler à ce rassemblement, avec le Front de gauche bien sûr, mais aussi avec tous les socialistes sincères abasourdis par la déliquescence dans laquelle sombre leur parti et, surtout, avec tous les citoyens qui, indépendamment du clivage droite/gauche, se rendent compte que la prise en compte de la problématique écologique est aujourd’hui tout simplement… vitale.

Des questions qu’on aurait préféré de pas avoir à se poser après la manifestation contre l’aéroport Notre-Dame-des-Landes

J’étais, comme des dizaines de milliers d’autres, présent samedi à Nantes pour marquer mon opposition à ce projet nuisible de construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Sur le moment, j’ai été plutôt surpris de la façon dont les choses se déroulaient et fort étonné ensuite de la façon dont la communication était orchestrée. Nous sommes un certain nombre à avoir ensuite échangé nos impressions, et la lettre ouverte que vient d’adresser Françoise Verchère, conseillère générale de Loire-Atlantique, au ministre de l’Intérieur traduit bien les questions que nous sommes hélas amenés à nous poser. C’est pourquoi je la reproduis ci-dessous :

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, 

Je vous ai entendu commenter dès samedi soir les événements en marge de la manifestation contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et vos propos appellent de ma part quelques réactions et aussi plusieurs questions. 

Sur les chiffres d’abord : vous avez parlé de 1000 casseurs et de 20 000 manifestants dont vous avez dit qu’il fallait les différencier des premiers. Je crois décidément que vos services ont un problème avec le calcul car nous étions beaucoup plus de manifestants et il y avait beaucoup moins de casseurs : disons qu’on pourrait diviser le premier chiffre et multiplier le second par deux au moins pour approcher de la vérité. Mais dans cette affaire d’aéroport, la vérité est décidément malmenée depuis longtemps… 

Sur les fameux casseurs : je vous avoue que j’ai été très surprise de comprendre que vos services les connaissaient visiblement bien (vous avez donné des précisions sur leur origine, leur positionnement politique) et même qu’ils savaient ce qui allait se passer. Depuis deux jours, les bruits couraient sur des incidents à venir ; les avocats savaient qu’ils risquaient d’être réquisitionnés pour de nombreuses gardes à vue. Samedi matin, au moment où nous étions avec les tracteurs à l’aéroport de Nantes-Atlantique, les policiers présents nous ont spontanément parlé des « blacks blocs », en nous disant « qu’ils allaient gâcher notre manifestation ». 

Je m’étonne donc que « les forces de l’ordre » n’aient pas été au fond plus efficaces puisque cela aurait dû être leur mission, n’est-ce pas ? Puisque l’on sait désormais interdire un spectacle avant même qu’il n’ait lieu, et puisque nous n’avons pas sur la ZAD 1000 casseurs ni blacks blocs, pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur arrivée ? J’imagine que s’ils sont si dangereux, vous avez certainement des preuves et même des faits graves à leur reprocher ? 

Mais peut-être préfériez-vous les arrêter en flagrant délit ? Est-ce pour cela que vous n’avez pas fait protéger l’agence Vinci, située au tout début du parcours de la manifestation, pas plus que des engins de chantier Vinci aussi (car Vinci est partout vous le savez, immobilier, parkings, aéroports…) dont vous saviez qu’ils seraient forcément des cibles ? Est-ce pour cela que la Préfecture n’a autorisé qu’un parcours ridiculement petit, jamais vu jusque là ? Est-ce pour cela que les échauffourées localisées dans un périmètre pourtant restreint ont duré plusieurs heures ? Et au bout du compte combien y a-t-il eu d’interpellations ? Une douzaine seulement…C’est assez curieux et à vrai dire difficilement compréhensible alors que les moyens déployés étaient impressionnants, en hommes et en matériel anti-émeute, alors que la fermeture du centre ville était inédite, alors qu’il y avait vraisemblablement des hommes à vous des deux côtés. 

Évidemment les images de « la guérilla urbaine » dont vous avez parlé seront reprises à l’envi plus que celles du char-triton, des 520 tracteurs présents ou des nombreuses familles manifestant paisiblement. Évidemment, cela permettra d’occulter une fois encore le fond du dossier, évidemment le choeur des partisans de l’aéroport poussera des cris horrifiés en rejetant la responsabilité sur les organisateurs de la manifestation. 

Organisateurs qui ont pourtant tenté d’éviter l’affrontement en interposant des tracteurs entre l’imposant mur de fer érigé et ceux qui voulaient effectivement en découdre. 

Organisateurs dont le métier n’est pas d’assurer l’ordre, vous en conviendrez et à qui il serait malvenu de demander de faire mieux que vous… Organisateurs particulièrement choqués, en tout cas, par les propos du Préfet de Loire-Atlantique qui n’a pas hésité à affirmer que nous « opposants historiques » devions cesser « d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ». Je me suis pincée pour y croire…encore un peu de temps et nous finirons nous-mêmes par être tenus pour de dangereux terroristes alors que nous avons participé loyalement au débat public, et à toutes les commissions mises en place. Débat déloyal puisqu’il y a une « vérité officielle » intangible même quand elle est contraire aux faits, aux chiffres et à la réalité. Le Premier Ministre ne reconnaît la validité que de la commission du dialogue à qui il avait donné mission de valider à nouveau le projet, mais refuse de regarder les conclusions accablantes de la commission des experts scientifiques au regard de la loi sur l’eau. Comment croire encore à la parole de l’État ? 

En réalité, Monsieur le Ministre, tout cela est très lisible et vieux comme le pouvoir. 

Pour discréditer notre combat, et tenter de retourner l’opinion publique qui nous est aujourd’hui favorable, on fera appel à la peur du désordre, on utilisera l’image, déplorable je vous l’accorde, des dégradations commises par les méchants casseurs et on justifiera ainsi une nouvelle opération policière pour aller enfin nettoyer la ZAD de ses « délinquants dangereux », en même temps que de ses tritons et de ses paysans. Il faudra mettre les moyens (ils sont mille, ne l’oublions pas, et les tritons innombrables…) mais vous y êtes peut-être prêts pour que « force reste à la loi »? Permettez-moi de vous le déconseiller car pour que nous, citoyens, acceptions désormais cette clef de voûte théorique de la société, (« la seule violence légitime est celle de l’État »), il faudrait que l’État soit irréprochable, que la loi soit juste et que ses représentants soient dignes du mandat que nous leur avons confié. Vous avez compris, je pense, que ce n’est pas le cas depuis longtemps. 

Depuis deux jours, j’ai lu et entendu que le centre ville de Nantes était « saccagé », qu’un commissariat avait été « dévasté », qu’il faudrait du temps pour « panser les plaies de la ville », que les dégâts ne pouvaient pas encore être chiffrés, autant dire que c’était l’apocalypse. Les mots eux-mêmes sont visiblement sens dessus dessous… Puis-je vous suggérer de venir à Nantes pour juger de la situation ? Aujourd’hui dimanche, flottait certes une petite odeur de gaz lacrymogène, mais le tramway roulait et les nantais flânaient. Je ne nie pas les poubelles brûlées, les pavés arrachés, les vitrines brisées et les murs maculés dans le secteur des affrontements. Je déplore ce vandalisme d’autant plus que nous dénonçons par ailleurs le gaspillage d’argent public qu’induirait le transfert de l’aéroport ! 

Mais je voudrais aussi vous rappeler que samedi des personnes âgées, des enfants ont été noyées sous les lacrymogènes. Et qu’un jeune manifestant a perdu un oeil à cause d’un éclat de grenade assourdissante. Ce n’était pas un casseur. Et cela nous rappelle le même malheur survenu déjà à Nantes, à cause d’un tir tendu de flash ball lors d’une manifestation sans violence devant le Rectorat. Les aubettes seront reconstruites, cela fera même monter le P.I.B mais ce jeune restera, lui, marqué à jamais. Cela m’interroge sur la manière dont les forces de l’ordre utilisent leurs armes et me scandalise davantage que la casse matérielle. Et demain, si le gouvernement persistait dans son projet d’aéroport, la destruction du bocage de Notre Dame des Landes et de la vie qu’il abrite serait elle aussi irréversible. 

Il faut arrêter un projet désormais dans l’impasse et régler le problème en prenant la seule décision raisonnable : respecter la loi sur l’eau, améliorer l’aéroport de Nantes-Atlantique et rendre sa sérénité à Notre Dame des Landes pour que la ZAD redevienne une campagne où vivre et travailler. Vous pourrez ainsi, Monsieur le Ministre, vous consacrer aux blacks blocs si vous le jugez indispensable. 

Dans l’espoir de votre réponse, je vous assure de mes salutations les plus distinguées, 

Françoise Verchère, 
Conseillère générale de Loire-Atlantique

La France ne doit pas freiner l’initiative européenne de taxation des transactions financières

Le 19 février, la France et l’Allemagne doivent rendre publique leur position commune au sujet de la Taxe sur les transactions financières (TFF, plus connue sous le nom de « taxe Tobin »). C’est la concrétisation de l’initiative qu’avait prise la France, par la voix de François Hollande, lors du conseil européen de juin 2012.

Or, depuis quelques mois, le lobby financier a lancé une offensive contre ce projet. Si cette offensive n’a pour l’instant pas ébranlé la Commission européenne, il semble que le ministre des Finances Pierre Moscovici et le gouverneur de la Banque de France soient très sensibles à ces pressions.

Il n’est pourtant plus à démontrer la nocivicité des opérations purement financières sur la santé de l’économie réelle. Cette taxe contribuerait à les réduire et son produit (34 milliards d’euros selon la Commission) pourrait servir à protéger l’emploi et les services publics, ainsi qu’à tenir les engagements européens de lutte contre la pauvreté et le réchauffement climatique.

Aussi j’ai signé la lettre ouverte initiée par plusieurs associations comme Attac, Greenpeace ou les Amis de la Terre demandant à François Hollande de ne pas céder aux pressions du lobby financier et j’invite chacun à faire de même : https://france.attac.org/se-mobiliser/taxer-les-transactions-financieres/article/envoyez-la-lettre-ouverte.

 

 

Lutter contre le chômage en payant les bénévoles ?

La façon dont François Hollande s’accroche à son leitmotiv d’inversion de la courbe du chômage a quelque chose de pathétique. Parce que, même s’il finit par y parvenir éventuellement avec l’aide de quelques artifices, la réalité de notre pays sera toujours celle d’un chômage de masse et, surtout, d’un mal-être social grandissant.

Ne comprend-il donc pas que le monde financier a besoin d’un chômage de masse pour fonctionner suivant son bon plaisir ? Et tant que le monde financier arrivera à imposer ses règles et son système de valeurs nous ne sortirons jamais de ce marasme, quelle que soit la bonne volonté des dirigeants nationaux.

Et si on reprenait le problème à zéro ? Le travail, l’argent, ont-ils vraiment un intérêt en eux-mêmes ? L’important n’est-il pas plutôt que nos besoins en logement, en nourriture, en santé, en déplacements, en culture, puissent être satisfaits ? Si le but de la société était plutôt de pourvoir à tous ces besoins pour chacun plutôt que de viser un plein-emploi qui n’apporte rien en lui-même, ne serait-on pas débarrassé de ce fléau qui pèse si lourd sur le mental des citoyens ?

Pour illustrer de façon un peu provocatrice cette proposition, on peut prendre l’exemple des bénévoles : ils sont des centaines de milliers en France à donner régulièrement quelques heures de leur temps pour accomplir des tâches que tout le monde trouve socialement utiles, que ce soit dans une paroisse, un club sportif, à la Croix-Rouge ou aux Restos du cœur. S’ils peuvent s’adonner à ces activités bénévoles, c’est qu’ils ont des revenus par ailleurs, un emploi rémunéré. On peut donc imaginer un système où ils laisseraient une part de leur emploi rémunéré à un chômeur et où leur activité bénévole serait payée par les Assedic…

Compliqué, direz-vous ? Bien sûr. Mais c’est un raisonnement par l’absurde pour montrer que la création de richesses ne se fait plus par l’application des lois du marché, et que si l’on raisonnait collectivement en satisfaction de la demande et non pas en offre qui cherche des débouchés à coups de communication, l’on pourrait s’occuper des vrais problèmes plutôt que de chercher des solutions à ceux qui ont été artificiellement créés.