Pour ou contre la gare en pleins champs, la vraie ligne de partage politique

Depuis que je milite, la frontière entre la gauche et la droite a toujours eu pour moi une forte réalité. Schématiquement, la gauche défendait l’intérêt général dans la mesure où les plus défavorisés formaient l’immense majorité de la population, et la droite défendait des intérêts particuliers, ceux des plus favorisés qui étaient une minorité.

Cette frontière a commencé à devenir plus floue quand, sous le quinquennat Hollande, j’ai vu que Angela Merkel se prononçait clairement pour l’arrêt du nucléaire et avait un discours généreux envers les immigrés qui affluaient du Moyen-Orient, tandis que le prétendûment socialiste François Hollande continuait dans ses délires nucléaires avec l’EPR et restait fermé à tout réel accueil des populations en détresse.

Aujourd’hui, la ligne de partage est toujours entre ceux qui défendent l’intérêt général et ceux qui défendent des intérêts particuliers. Mais la notion d’intérêt général s’est sensiblement élargie, à savoir qu’elle comprend l’ensemble des humains vivant sur Terre et pas seulement la majorité la plus défavorisée, mais surtout parce qu’elle prend aussi en compte les générations futures.

Parmi tous les problèmes écologiques qui se posent à la planète, celui du réchauffement climatique est central. Nous avons pris trop de retard, l’heure n’est plus aux tergiversations et aux demi-mesures, il faut un complet changement d’état d’esprit qui se traduise immédiatement par des réalisations concrètes. Les excellentes terres agricoles du Triangle de Gonesse offrent l’opportunité de mettre en place un projet qui répond aux besoins d’aujourd’hui, le projet Carma. Mais ce projet ne pourra voir le jour si, au milieu de ce site exceptionnel, se construit une gare ne desservant aucun habitant !

C’est pourtant à cette gare au milieu des champs que s’accrochent bien sûr la droite mais aussi hélas bon nombre d’élus socialistes de l’est du département. Après avoir défendu les projets les plus destructeurs (circuit de formule 1, Europacity), ils reconnaissent aujourd’hui que, finalement, Europacity n’était peut-être pas une si bonne idée que ça mais, contre toute logique, ils continuent à vouloir leur gare, au nom d’un développement économique qui ne développe rien du tout sinon des nuisances et au nom de la création d’emplois qui, on l’a maintes fois vérifié, est complètement illusoire et mensongère.

Cette vision nous conduit droit dans la tombe. Il est impossible de construire quoi que ce soit pour un avenir que nous continuons à espérer radieux avec des élus ou des candidats gardant ces schémas de pensée qui ont fait la preuve de leur nocivité. Se prononcer aujourd’hui pour la gare en pleins champs, c’est révélateur d’un état d’esprit qui est complètement dépassé, c’est la vraie ligne de partage entre ceux qui continuent à nous envoyer dans le mur et ceux qui prennent la défense du bien commun assurant l’avenir des générations futures.

La glissade sans fin du PS vers la droite pose la question des alliances pour les écologistes

La constitution du deuxième gouvernement de Manuel Valls ne fait que confirmer ce que pour ma part je sais depuis fort longtemps, à savoir que ce monsieur n’a rien d’un homme de gauche. Il fait la politique que lui réclame la finance mondiale et ce n’est assurément pas pour cela que le peuple de gauche a voté pour Hollande en 2012.

Les quelques courageux militants du PS qui essayaient de redresser la barre à gauche ont donc perdu la bataille. Que cela conduise à leur neutralisation ou à l’éclatement de ce parti, le constat est que plus rien ne différencie la politique menée par le PS de la politique menée par les partis de droite.

Le fait que le PS soit désormais à classer parmi les partis de droite pose immédiatement la question des alliances pour EELV. J’ai pleinement souscrit à la sortie du « ni-ni » initiée en son temps par Dominique Voynet puisque la démarche écologiste est intrinsèquement de gauche : c’est en effet la même désastreuse recherche de profit qui conduit à exploiter les hommes et à piller la planète, et il était logique que les écologistes qui ont fait la synthèse des deux problématiques recherchent prioritairement des alliances électorales avec ceux qui en portaient au moins une.

Trahis par notre partenaire privilégié, le risque de marginalisation nous guette. Bien sûr, il faut continuer à mener des luttes avec des associatifs et nos amis du Front de Gauche et du NPA qui ont des analyses proches des nôtres. Mais cela ne sera pas suffisant pour que l’écologie soit réellement prise en compte dans les politiques publiques. Totalement indépendants, nous devons aujourd’hui être en capacité de passer des accords électoraux, sur des engagements précis, avec tous les partis de l’arc républicain. Il serait criminel de refuser de voir que c’est par exemple Angela Merkel qui a arrêté le nucléaire en Allemagne et que certains élus locaux de droite mènent, de façon sincère, des politiques réellement innovantes.

Le simple fait d’annoncer ce changement tactique amènera, j’en suis sûr, au PS à réfléchir à deux fois avant de trahir les accords passés et devrait permettre de remettre l’écologie au cœur du débat politique.