Lutter contre tous les impérialismes

Contre nombre d’entre nous, j’ai reçu un sacré coup de massue sur la tête quand j’ai appris la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Puis, les semaines passant, je me suis dit que peut-être ses propos comminatoires allaient impressionner Poutine et forcer celui-ci à accepter un cessez-le-feu permettant à l’Ukraine de respirer.

Las ! Ses derniers propos effarants laissent craindre le pire, et je frémis en pensant à la jubilation qu’a ressentie Poutine en les entendant : la logique qui conduit à déclarer le Canada comme le 51e État américain est exactement la même que celle qui a poussé la Russie à envahir l’Ukraine. Peut-on encore espérer que deux autocrates fonctionnant de la même façon ne vont pas s’entendre sur la répartition des territoires et des richesses de voisins aux institutions démocratiques ? Exactement la même situation qu’à Taiwan où, vu l’évolution des mœurs mondiales, la Chine n’hésitera plus à intervenir par la force.

Il ne manquera plus au tableau que Jean-Luc Mélenchon qui, de plus en plus replié sur lui-même, trouvera une bonne raison pour justifier l’annexion de la Belgique par la France… Démocrates, libéraux, libertaires, il n’y a plus que nous, en s’appuyant sur l’Europe, pour empêcher le monde de devenir un enfer.

Pour la première fois, il y a un enjeu clair aux élections européennes !

Les élections européennes sont les élections qui connaissent le plus fort taux d’abstention et ce désintérêt peut facilement s’expliquer : les citoyens constatent déjà qu’ils n’ont aucun contrôle sur ce que fait leur député à l’Assemblée nationale, alors le Parlement européen…

Les commentateurs ont essayé de pimenter les élections de dimanche prochain en faisant valoir que, cette fois-ci, du résultat des élections dépendrait la nomination du président de la Commission européenne. La belle affaire ! On est encore là dans la personnalisation, qui fait tant de mal à notre vie publique. D’autant qu’on a du mal à percevoir quelles sont les différences entre ceux qui sont considérés comme étant les seuls à avoir une chance d’arriver en tête — le conservateur, le libéral, le socialiste — sur un point essentiel : la négociation du Trans Atlantic Free Trade Agreement (Tafta, connu aussi sous les noms de TTIP ou PTCI).

Le Tafta est un accord commercial de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Pourquoi pas mais, à travers cet accord, les Etats-Unis tentent d’imposer leurs normes de production, qui sont souvent beaucoup plus laxistes que les nôtres en matières sociale, environnementale et de santé publique. Au nom de la rentabilité, on risque donc d’avoir une détérioration de nos conditions de vie. Surtout, cet accord prévoit qu’un tribunal arbitral pourrait, sur la plainte d’une société, déclarer « illégale » une disposition réglementant le droit du travail ou imposant des normes en agriculture prise par un pays.

Autrement dit, de façon maintenant tout à fait affichée, le monde de la finance dicterait sa loi aux représentants démocratiquement élus des citoyens ! La seule façon pacifique d’arrêter maintenant ce désastre social et sociétal, c’est de voter massivement pour les partis qui ont pris clairement position contre ce projet de traité, et principalement pour EELV, qui a été le premier à alerter sur les dangers encourus. Avec une majorité d’opposants au Parlement européen, ce projet de traité tombera aux oubliettes. L’enjeu de ces élections européennes est donc rien de moins que de sauver la démocratie !