Comme tout ce qui est nouveau, voir pour la première fois un burkini sur une plage peut choquer, dans le sens de « créer un choc ». Mais, passée la surprise, un choc dont on peut se remettre facilement. Cela fait des décennies que les créateurs de mode rivalisent d’ingéniosité pour enlever ou rajouter des morceaux de tissu à leurs maillots de bain tant féminins que masculins sans que cela ne traumatise personne sur les plages où l’on constate une grande diversité.
Personne ne trouverait à redire à ce quelqu’un se baigne tout habillé, ce quelqu’un se ferait regarder un peu plus que les autres, mais à peine plus qu’une femme en tenue de plongée ou qu’un homme gardant son tee-shirt. Si l’apparition du burkini suscite plus d’émotion, c’est évidemment parce qu’il ne relève pas de la simple fantaisie d’un individu mais qu’il est porteur d’une signification sociale.
Il est sain de s’inquiéter de la recherche d’une plus grande visibilité de la religion dans l’espace public, cette recherche n’étant évidemment pas neutre. Mais y apporter comme réponse l’interdiction, sur des bases juridiques faibles, est la pire des réponses qui soit, et ne peut que faire le jeu des fondamentalistes. La réponse intelligente à l’intégrisme religieux ce n’est pas moins de liberté mais plus de liberté : et donc de décréter maintenant une liberté totale sur toutes les plages, du naturisme au costume trois-pièces.