Cette manif pour le climat promettait d’être au moins aussi belle que les précédentes, avec de plus en plus de jeunes qui savent trouver de nouveaux slogans inventifs, humoristiques ou poétiques. Mais, à peine une heure après le départ, j’ai assisté à quelque chose que je n’avais jamais vu : le cortège de la manifestation faisait demi-tour !
La raison en était que les forces de police tiraient des grenades lacrymogènes sur des casseurs qui étaient devant la tête du cortège, mais qui ont surtout atteint les manifestants pacifiques ! Comment se fait-il que, avec toutes les forces déployées — gendarmes mobiles, CRS, policiers en civil, motards matraqueurs —, la police ne soit pas en mesure de contrôler quelques dizaines de casseurs autrement qu’en lançant des lacrymos sur des manifestants bon-enfants ? Quel cynisme, quelle incompétence !
Nous avons donc jugé que le plus sage était de faire demi-tour pour revenir vers la place Edmond-Rostand. Mais, là, surprise, alors qu’ils n’étaient pas là au départ, d’importantes forces de police étaient présentes. Et, sous la pression du cortège qui fuyait les affrontements, tout naturellement nous avons voulu redescendre le boulevard Saint-Michel ou s’échapper par la rue de Médicis.
Mais, tout à coup, un ordre est donné aux gendarmes, qui n’étaient pas encore casqués, d’empêcher les manifestants de passer, déclenchant un début de mouvement de panique. Heureusement, la plupart des gendarmes — à part quelques gros bras qui devaient vouloir faire du zèle — n’ont pu se résoudre à obéir à un ordre aussi imbécile et, tout en faisant quelques mouvements de bras, de fait laissaient passer les gens. Je salue ces gendarmes mobiles qui ont le bon sens et le courage de ne pas obéir à un ordre aussi débile que criminel. Mais quel est le gradé qui est responsable de telles fautes ?
De nombreux manifestants sont restés bloqués pendant longtemps sans qu’on comprenne pourquoi, jusqu’à ce qu’un énarque quelconque se rende compte que cela n’avait aucun sens et que toutes les unités fichent le camp toutes sirènes hurlantes. Mais qui n’a permis qu’une bien triste fin de manif.
Les manifestants ont su faire demi-tour quand la situation l’exigeait. Aujourd’hui la situation est telle qu’elle exige que le gouvernement fasse prendre immédiatement un demi-tour à sa politique. En aura-t-il le courage ?