Pause

Je l’ai annoncé dans la lettre mensuelle Soisy Infos, mais l’espace auquel j’ai droit laissait peu de place pour des explications. Aussi il me paraît nécessaire de revenir un peu plus en détail sur les raisons de ma démission du conseil municipal de Soisy.

J’ai rempli mon mandat de conseiller municipal minoritaire pendant plus de vingt ans, et je crois que j’ai été un des plus assidus, tant aux séances du conseil municipal qu’aux réunions des différentes commissions dont j’ai fait partie. Mais si la présence d’élus minoritaires dans les assemblées délibératives est un des éléments constituants d’une démocratie qui fonctionne correctement, c’est aussi une des tâches les plus ingrates qui soit.

Traditionnellement, les séances du conseil municipal ne sont que la formalisation de ce qui a été débattu en amont. Mais les réunions de commission devraient être un réel lieu de débat et de propositions. Or à Soisy il n’en est rien. Tout est déjà ficelé à l’avance et les propositions des minoritaires sont toujours rejetées, même quand l’adjoint qui préside la commission vous dit qu’il est d’accord avec vous mais qu’il ne peut rien faire ! L’absentéisme de plus en plus important des conseillers de la majorité s’explique d’ailleurs certainement pour les mêmes raisons.

Du fait de la sclérose dont est atteinte l’équipe municipale, Soisy est un bateau qui est en train de couler et il est dur de constater que, d’où l’on est, on ne peut rien y faire… Alors il m’a semblé qu’il valait mieux que je consacre mon énergie à autre chose, ce ne sont pas les combats écologiques qui manquent et là il y a encore des espoirs d’obtenir des avancées.

Je laisse la place à Laurence Thierry, qui est une militante active du mouvement Utopia. Cette association d’éducation populaire — dont je suis également adhérent — produit un nombre impressionnant de réflexions sur tous les sujets de société où les préoccupations écologiques au sens large tiennent une grande place, dans le but d’aboutir à une société du « Buen Vivir ». Si cette réflexion théorique, en dehors de tout enjeu de pouvoir, est importante, c’est aussi une bonne chose que certains de ses membres les plus actifs se coltinent avec les réalités bassement matérielles de la gestion d’une collectivité territoriale au quotidien. Ce passage de relais produit donc un double bénéfice.

 

Une manif sans CO2, ça fait du bien

Il s’est passé quelque chose ce samedi 8 septembre à Paris entre Hôtel-de-Ville et République : non seulement la manifestation pour le climat a mobilisé beaucoup plus de monde que ce que l’on pouvait raisonnablement espérer, mais celle-ci était bien différente des précédentes démonstrations auxquelles on a pu assister ces dernières années.

En effet, lors des dernières manifestations politiques ou syndicales — qui pour la plupart étaient amplement justifiées dans leurs objectifs —, on a surtout assisté à un défilé de camionnettes sur lesquelles étaient branchées de tonitruantes sono dans lesquelles s’égosillaient des permanents pour galvaniser les maigres troupes de militants qui traînaient la patte derrière.

Rien de tel hier : à part une camionnette égarée en tête de  cortège, aucun engin susceptible d’émettre du CO2 parmi les manifestants, c’était une foule bon enfant parmi laquelle on se sentait bien. Là on se dit que la révolution écologique et sociale indispensable à notre survie est en bonne voie : elle est portée par de belles personnes qui mettent leurs actes en harmonie avec leur pensée.

 

Plus qu’une seule solution : Hulot président !

Nous étions nombreux à être sceptiques, mais il a essayé et il a eu raison de le faire. Nous avons maintenant la preuve que le poids des lobbys et du monde de la finance est tellement fort qu’il est impossible de mener la révolution écologique indispensable à la survie de la planète dans les conditions politiques actuelles.

Les promesses d’Emmanuel Macron en matière d’avancées écologiques étaient déjà très timides mais il ne les a même pas respectées et il n’a eu de cesse de rendre des arbitrages favorables aux lobbys de l’énergie, de l’agroalimentaire et à tout ce que le pays comporte de forces rétrogrades.

La seule solution maintenant pour que cesse cette descente aux enfers, c’est que ce soit un écologiste qui rende les arbitrages. Nicolas Hulot est le mieux placé pour le faire. Non, il ne doit pas arrêter la politique. Fort de son expérience gouvernementale, il doit se mettre en position de gagner la prochaine élection présidentielle et nous devons tous l’y aider.

 

La mairie à vau-l’eau

Le principal sujet au conseil municipal de ce 28 juin était la construction de l’espace culturel. Or, malgré les remarques faites par les élus minoritaires en commission, le maire a persisté à vouloir faire voter l’autorisation de dépôt d’un permis de construire alors que le projet qu’il a actuellement dans ses cartons est sensiblement différent de celui qui a été voté à l’unanimité par le conseil municipal le 26 mai 2016 (eh oui, déjà deux ans). Et, le temps passant, non seulement il ne se passe rien, mais en plus d’après les vagues plans que nous pouvons réussir à voir, l’espace culturel est en train de subir une « opération jivaro » comme l’a qualifié le conseiller socialiste Frank Morot-Sir.

Mais, depuis 1995, les Soiséens ont l’habitude de voir le projet d’espace culturel sans cesse reporté… Ce qui est nouveau en revanche, c’est l’impression de laisser-aller dans la marche de la mairie, que le maire ne conduit plus les affaires mais qu’il subit les événements. Lui qui savait être si mordant avec l’opposition, on constate aujourd’hui qu’il semble fatigué, qu’il n’a quasiment plus la force de répondre. Si l’on veut que Soisy aille maintenant de l’avant, il est grand temps de changer celui qui est à sa tête…

Ce n’est pas aux Soiséens de financer les revenus des stars du football !

Comme toutes les villes, Soisy accorde des subventions à de nombreuses associations culturelles et sportives, avec une attention particulière à celles qui accueillent des enfants et des adolescents. Par ce geste, la collectivité reconnaît le rôle social et éducatif que jouent ces associations et c’est très bien.

Mais quel rôle éducatif et social joue une association quand, au moment des réinscriptions en septembre, elle refuse de reprendre un adolescent non pas parce que ce serait un élément perturbateur, mais parce qu’il n’est pas assez performant ? A ces âges-là, c’est un acte extrêmement destructeur ! C’est pourtant le système de fonctionnement du club de football de Soisy… Pourquoi ? Parce qu’il est plus dans la logique de la performance et de la compétition que dans celle du bien-être de ses membres.

Ce club est donc à fond dans le système qui, en bout de course, aboutit à verser des sommes au-delà de toute décence aux joueurs professionnels. Si cela ne leur pose pas de problème moral, tant mieux pour eux. Mais la Ville de Soisy n’a pas à cautionner ces pratiques ou, dit autrement, les impôts des Soiséens n’ont pas à financer les revenus des stars du football.

C’est pourquoi, lors du conseil municipal du 29 mars qui devait voter l’ensemble des subventions aux associations, j’ai proposé un amendement, à portée symbolique, pour ramener la subvention du club de foot de 20.430 euros à 20.399 euros. La maire adjointe aux sports, Claudine Bitterli, a dit regretter elle aussi les exclusions pratiquées par le club de foot mais, comme le maire a invité sa majorité municipale à le faire, a voté contre mon amendement. Seul les élus de gauche du groupe Soisy pour Tous ont voté positivement et donc l’amendement a été rejeté. Encore un exemple, hélas, où les actes sont en décalage avec le discours.

Les charmes du droit d’expression des élus minoritaires dans « Soisy Infos »

Depuis un jugement du tribunal administratif de fin 2016, les élus n’appartenant pas à la majorité ont, comme il se doit, droit à un espace d’expression dans le bulletin municipal mensuel Soisy Infos. Mais on nous demande de transmettre nos textes le 5 du mois précédent, ce qui veut dire que le maire a trois semaines pour répondre — de manière directe ou indirecte — dans le même numéro aux propos de l’opposition !

C’est particulièrement criant dans le numéro de ce mois de février : j’avais consacré les quelques lignes auxquelles j’ai droit au fait que la culture a toujours été le parent pauvre de la politique soiséenne, les 25 ans qu’on  attend la construction du centre culturel en étant la preuve concrète. Et cela n’a pas loupé : pour la première fois depuis bien longtemps, le maire titre son édito sur la culture et y consacre une large part de son texte…

On peut considérer que cela relève du dialogue démocratique. Mais moi, si je veux répondre, je ne pourrai le faire que dans le numéro suivant…

La liste « Soisy Demain », un danger pour la démocratie locale

Après une invalidation et une démission c’est donc le troisième de la liste, Amédée Desrivières, qui depuis mars 2016 représente au conseil municipal les électeurs qui avaient voté « Soisy Demain » lors des dernières élections municipales. A ce titre, il fait partie des élus que l’on classe ordinairement dans l’opposition. Mais son opposition n’aura pas duré longtemps.

Il a effectivement pris la parole lors du conseil municipal du 29 septembre 2016 pour demander à ce qu’il y ait une discussion plus approfondie sur le projet de réalisation d’une résidence de services avenue du Général-de-Gaulle mais il a voté contre l’amendement de demande de report que j’ai proposé ! seuls les socialistes votant pour. Depuis, il est aussi silencieux que le sont tous les membres de la majorité municipale.

Attitude dont chacun peut se rendre compte puisque, dans l’espace réservé aux élus minoritaires dans Soisy Magazine et dans Soisy Infos, soit il laisse son espace blanc soit il n’a de cesse de remercier le maire et la majorité municipale pour leurs réalisations. Mais il a fait encore plus fort dans le dernier numéro de Soisy Magazine puisque son seul propos est de critiquer de façon fort sévère les élus minoritaires du groupe « Soisy pour Tous »…

Je suis loin de partager toutes les critiques du groupe « Soisy pour Tous » et surtout leur façon de les exprimer. Mais au moins sont-ils dans leur rôle de groupe d’opposition, les Soiséens jugeront le moment venu si c’était la bonne façon de faire ou pas. Alors que profiter des maigres droits qu’ont les élus minoritaires pour tresser des couronnes à la majorité ou attaquer les autres élus minoritaires, c’est trahir les électeurs qui ont voté pour sa liste, c’est pervertir la démocratie, c’est la décrédibiliser aux yeux des citoyens.

Pour le respect des Soiséens, M. Desrivières devrait démissionner de son mandat de conseiller municipal et laisser sa place à quelqu’un qui joue vraiment le rôle qu’on attend de lui, ou à tout le moins annoncer clairement qu’il rejoint la majorité municipale et renonce à son statut d’élu minoritaire.

 

Tragique choc des cultures à Gonesse

C’est au terme d’une séance plus que houleuse que le conseil municipal de Gonesse a, comme c’était prévisible, adopté la modification de son plan d’occupation des sols (PLU) permettant l’implantation d’Europacity. Le maire avait invité les habitants de sa ville à venir au conseil pour marquer leur approbation, et comme les opposants avaient également prévu de faire le déplacement, c’est dans une salle pleine à craquer où la température montait d’heure en heure qu’a commencé l’interminable intervention du rapporteur chargé de proposer l’approbation de la révision du PLU. Intervention qui a surtout consisté en une attaque fort peu honnête des conclusions du commissaire chargé de l’enquête publique qui avait émis un avis défavorable dument étayé.

Suivirent les interventions des élus, presque toutes favorables à Europacity, et sans doute pour la plupart croyant sincèrement au bien-fondé de ce monstrueux projet. Et si je n’étais pas gêné, lors du débat public, pour dénoncer la nocivité tant écologique que sociale de cette potentielle source de profits défiscalisés pour Gérard Mulliez, je ne peux être insensible aux arguments des Gonessiens qui se sentent abandonnés par la République, qui croient que ce centre commercial de luxe va leur apporter quelque chose, et qui fustigent les bobos parisiens qui viennent leur faire la leçon depuis leurs beaux quartiers.

Ces bobos parisiens n’existent pas vraiment, la plupart habitent le Val-d’Oise ou la Seine-Saint-Denis, mais il est vrai qu’en général ils sont issus de classes sociales un peu moins défavorisées que la majeure partie des habitants de Gonesse. Mais, historiquement, ce ne sont pas des femmes et des hommes issus des classes populaires qui ont ouvert le chemin de la lutte pour la défense des classes laborieuses — Marx, Proudhon, Jaurès, Blum et bien d’autres étaient tous issus de la bourgeoisie — et là nous nous trouvons dans le même cas de figure : ceux qui doivent se battre au quotidien pour trouver un boulot et survivre ne peuvent évidemment pas consacrer du temps à défendre l’intérêt général, et ce n’est que parmi ceux qui sont relativement dégagés de ces contingences immédiates que l’on peut trouver des femmes et des hommes qui essayent de penser l’avenir à l’échelle des générations futures.

Et, même sur le court terme, il est tragique de constater que des jeunes de chez nous croient que ce complexe pour touristes internationaux leur apportera quelque chose, alors que ni les commerces ni la « culture » proposée ne seront pour eux, à peine quelques emplois qui ne compenseront pas ceux qui seront perdus ailleurs. Hélas hélas, ce n’est pas la tenue du conseil municipal de Gonesse d’hier soir qui contribuera à ce que les différentes parties puissent commencer à se comprendre. Et, au final, c’est encore la planète et les plus défavorisés qui sont perdants.

137 ans après Lafargue, le droit à la fainéantise plus vital que jamais

Malgré les explications alambiquées qui ont suivi, la phrase d’Emmanuel Macron disant qu’« il ne cédera rien aux fainéants » alors qu’il s’exprime sur la loi travail est très claire : dans la plus pure tradition populiste de droite, il fustige tous ceux qui « profitent » d’un système de protection jugé trop généreux et qui seraient heureux d’être au chômage. C’est évidemment scandaleux et explique les tentatives de rétropédalage.

Mais ce que cela sous-tend sur le fond est peut-être encore plus grave : avec cette déclaration, il remet au pinacle la « valeur travail ». Or, comme l’a démontré Paul Lafargue dès 1880 en publiant Le Droit à la paresse, le travail n’a aucune valeur en lui-même. Ce n’est qu’une fable qui a été inventée par les capitalistes de l’époque pour mieux exploiter jusqu’au trognon les masses ouvrières.

Ce principe de gouvernement des classes dirigeantes n’a pas beaucoup évolué en un siècle et demi. En revanche, il y a un élément nouveau qui doit nous amener à combattre avec force ce dogme aberrant : ce sont les évolutions technologiques qui suppriment de nombreuses tâches peu épanouissantes et surtout la conscience de la finitude de la planète. Faire du travail une « valeur » conduit aujourd’hui forcément soit à créer des emplois totalement inutiles soit à exploiter de façon encore plus inconsidérée les ressources naturelles qui nous restent encore.

Alors que la seule question qui mérite d’être traitée, c’est comment faire pour que chaque être humain puisse avoir accès à ses droits fondamentaux en matière de nourriture, de logement, de santé, de culture et de loisirs. Tout le reste n’est que ruses pour permettre aux riches d’être toujours plus riches, ce que nous constatons depuis plusieurs décennies.

 

Suspense autour du retour à la semaine de 4 jours

Ce vendredi 30 juin se tenait le dernier conseil municipal de la saison. En plus des questions traditionnelles tournant autour du compte administratif et du budget supplémentaire qui sont communiquées cinq jours avant, les conseillers municipaux ont eu la surprise de trouver sur leur table un projet de motion pour que les écoles de Soisy reviennent à la semaine de quatre jours dès la rentrée de septembre.

Sans surprise, les socialistes se sont élevés, de façon extrêmement confuse, contre l’abandon d’une réforme mise en place par un gouvernement qu’ils soutenaient. Pour ma part, ayant toujours considéré que, telle qu’elle avait été mise en place, cette réforme des rythmes scolaires c’était du n’importe quoi, je ne vais pas me plaindre de son abandon. Toutefois, un retour à la semaine de quatre jours ne me paraît pas non plus souhaitable, l’idéal serait le rétablissement de la semaine de quatre jours et demi avec le samedi matin, tant pour l’efficacité des temps d’apprentissage de l’enfant que pour les relations parents-enseignants, point sur lequel j’ai eu le plaisir de constater l’accord du maire adjoint au scolaire, Christian Thévenot.

Par ailleurs, la motion faisait état d’une surprenante et douteuse unanimité de tous les membres de tous les conseils d’école pour ce retour à la semaine de quatre jours, ce qui resterait à vérifier. Une des raisons pour lesquelles — en accord sur ce point avec les socialistes — j’ai refusé de prendre part au vote, ajouté au fait que la procédure prévue pour traiter des questions en urgence n’avait même pas été respectée. Sentant la fragilité de la méthode, la motion n’a finalement pas été soumise au vote, et il a été annoncé qu’un nouveau conseil municipal serait bientôt convoqué pour traiter cette question.

Cela sera-t-il réellement le cas, la mairie va-t-elle renoncer au retour de la semaine de quatre jours pour cette rentrée ou va-t-elle se passer de l’avis du conseil municipal ? Réponse bientôt.