De Charybde en Scylla

Juste après la nomination de François Bayrou comme Premier ministre j’ai eu un petit espoir que les choses se mettent enfin à aller dans le bon sens après des mois à insulter la démocratie, celui-ci n’étant pas le pire parmi les hommes de droite (ceux qui se réclament du centre n’ayant jamais été que des hommes de droite un peu moins brutaux que la moyenne).

Las ! l’annonce de ce gouvernement anéantit tous les espoirs qui déjà se réduisaient de jour en jour ! Évidemment, aucune femme ou homme de gauche dans cet aréopage, le rose pâle de François Rebsamen étant déjà très loin et Manuel Valls n’ayant jamais été de gauche ni rocardien malgré toute l’énergie qu’il a dépensée pour coller aux basques de Michel Rocard.

Mais le pire est sans doute le passage de Gérald Darmanin de l’Intérieur à la Justice. Celui qui a été le plus agressif des ministres de l’Intérieur depuis des décennies, organisant délibérément la violence lors des manifestations écologistes, critiquant le prétendu laxisme de la Justice, se retrouve à la direction de l’administration qui arrivait encore à freiner ses dérives antidémocratiques. Maintenant Retailleau et Darmanin vont s’entendre comme larrons en foire pour casser l’État de droit partout où ça les gêne, une telle situation ne peut que très mal finir.

Pas Darmanin, Barnier-Retailleau

J’étais encore optimiste dans mon article du mois dernier en disant que Macron n’avait d’autre issue que nommer quelqu’un comme Gérald Darmanin comme Premier ministre pour bénéficier de la bienveillance du Rassemblement national.

Il est allé encore plus loin que mes humbles pronostics en nommant Premier ministre un membre des Républicains, Michel Barnier, qui lui-même a été prendre son ministre de l’Intérieur à la droite de la droite. Un certain Bruno Retailleau, qui dit de façon ouverte dès sa prise de fonctions que son prédécesseur n’a rien fait et qu’on allait voir ce qu’on allait voir.

Tous les gens normalement constitués se sont indignés de cette situation donc je n’en rajouterai pas. Et je vais maintenant m’abstenir de faire de nouvelles (sombres) prédictions, de peur que la folie de ceux qui sont aux manettes nous mène encore plus près du précipice.