Interdiction de manifester mais pas de consommer

Que l’horreur des assassinats du 13 novembre amène le pouvoir à prendre des mesures policières et judiciaires exceptionnelles est une réponse normale et nécessaire. Mais la nature des mesures qui sont prises laisse dubitatif sur leur efficacité et sur le but qui est réellement poursuivi.

Pourquoi, par exemple, la manifestation prévue samedi dernier pour protester contre le choix du tracé du BHNS sur le Triangle de Gonesse a-t-elle été interdite ? Quelle est la raison profonde de l’interdiction de la grande manifestation qui était prévue dimanche 29 novembre à Paris à la veille de la COP21 ? Tout montre que le gouvernement ne veut pas qu’il soit visible  que la sauvegarde du climat est l’objet d’une grande mobilisation populaire, certainement plus sincère que celle des politiques en permanence sous influence des lobbies industriels et financiers.

Les rassemblements offriraient une cible aux terroristes ? Pourtant, les événements culturels, un temps suspendus, ont repris ; les événements sportifs n’ont jamais vraiment été arrêtés, alors que c’est eux qui ont été visés le 13 novembre. On découvre qu’il y avait aussi des projets d’attentats à La Défense, mais les centres commerciaux continuent à faire le maximum pour nous faire consommer.

Les manifestations de citoyens n’ont pas été visées, mais ce sont ces rassemblements-là que le gouvernement décide d’interdire. Alternatiba et de nombreuses personnalités remarquent que c’est une grande victoire de Daesh d’avoir provoqué la mise sous tutelle sécuritaire de la population tout entière et appellent à braver cette interdiction arbitraire. De qui auront le plus à craindre ceux qui répondront à cet appel ? Des terroristes ou de Manuel Valls ?