Au début de l’été, EELV a annoncé quels seraient ses candidats pour les élections régionales de décembre, du moins pour les premières places dans chaque département. Je ne voterai pas pour la liste présentée par mon parti, auquel j’appartiens depuis quinze ans. Pourquoi ?
Seul parmi les huit départements franciliens, le Val-d’Oise reste avec une tête de liste en blanc. Aucun militant ou militante écologiste du Val-d’Oise n’a été jugé digne d’occuper cette place par la direction et celle-ci a décidé de la réserver à une « personnalité d’ouverture ». Sauf qu’à ce jour cette personnalité d’ouverture n’a pas encore été trouvée, et les précédentes expériences en la matière n’incitent guère à l’optimisme.
L’affront aux militants n’étant pas suffisamment grand, cette même direction a décidé d’octroyer la deuxième place à Kader Bentahar, qui a peu de choses à voir avec le Val-d’Oise puisqu’il est vice-président au développement économique de la communauté d’agglomération de Clichy-sous-Bois-Montfermeil en Seine-Saint-Denis. Et, bien qu’il soit étiqueté EELV, la pauvreté de son blog, où ne figurent que quelques copiés-collés de communiqués de militants de Vaujours ou du national, montre de plus que ce n’est ni un militant ni un écologiste.
Alors pourquoi la direction nationale d’EELV lui donne cette place ? Parce que, face à la masse d’adhésions de complaisance opérées par le maire de Sevran, Kader Bentahar a réussi à faire mieux et à redonner une majorité en Seine-Saint-Denis au courant majoritaire Cosse-Duflot. Pareille performance méritait bien une récompense, et, les premières places en Seine-Saint-Denis étant déjà occupées par des incontournables, il a donc été décidé de l’envoyer ailleurs.
La direction du parti va se défendre de ces mauvais procédés en disant que ce n’est pas elle qui a décidé mais, comme le prévoient les statuts, le conseil politique régional (CPR) qui est le « parlement » du parti au niveau régional. Sauf que, en réalité, ce conseil politique régional est largement composé de personnes qui, directement ou indirectement, doivent leur emploi à des élus Verts et sont donc « naturellement » solidaires des choix opérés par leurs chefs. De fait, tout est complètement verrouillé dès que les chefs de courant, ne raisonnant plus qu’en termes de rapports de forces et de renvois d’ascenseurs, se sont répartis entre eux les postes de pouvoir.
Ces problèmes existaient déjà du temps des Verts, mais ont été largement amplifiés avec Europe Ecologie. A ce stade, et en particulier tant qu’il ne sera pas mis un coup d’arrêt au système des adhésions de complaisance, je ne vois pas ce qui peut sortir EELV de l’abîme dans lequel il est en train de s’enfoncer. A l’heure où il y a tant de choses importantes à défendre, c’est évidemment désastreux. D’où pourra venir le sursaut indispensable ?