Les abus de quelques-uns ne doivent pas conduire à mal légiférer

Il est inquiétant de constater que l’évidente amoralité du sieur François Fillon risque de conduire à interdire aux parlementaires d’employer des membres de sa famille, ce qui est complètement absurde, voire dangereux.

De nombreux conjoints d’artisans et de commerçants travaillent pour leur époux ou leur épouse, de nombreux enfants commencent à travailler avec leurs parents avant de reprendre l’entreprise familiale, il n’y a rien de plus naturel. Alors, certes, le « métier » de politique n’est pas un métier comme les autres et il n’est pas choquant qu’il fasse l’objet de dispositions particulières. Mais, par exemple, tout le monde sait que la deuxième épouse de Nicolas Sarkozy a eu un rôle actif dans la carrière politique de son mari, je ne sais pas si ça a été le cas mais il n’y aurait rien de choquant à ce qu’elle ait reçu un salaire pour cela.

Surtout, jusqu’où va-t-on considérer que va la famille ? Oncles et tantes, cousins et même petits-cousins ? Va-t-on aller, comme sous l’Ancien Régime, jusqu’au 8e degré civil où il fallait une dispense de l’évêque pour se marier ? Et, s’il est facile de déterminer ce qu’est un couple légitime, quel sera le sort des pacsés et de ceux qui vivent en union libre, que ce soit au grand jour ou de façon plus discrète ? Mènera-t-on des enquêtes de police pour savoir quelle est la nature de leur lien ?

Et puis, alors que l’on sait que de nombreuses personnes trouvent leur futur-e conjoint-e dans leur milieu professionnel, cela voudrait dire qu’à un député et son attaché parlementaire il serait par définition interdit d’avoir une relation affective poussée ? Parce que cette relation tomberait sous le coup de la loi ? Qu’avant toute concrétisation du lien il faudrait licencier, ce qui poserait d’autres problèmes par rapport au droit du travail ?

Il faut arrêter les délires. Les problèmes posés par les pratiques de François Fillon ne sont pas de nature légale, ils sont de nature morale. Et la loi n’a pas forcément vocation à régir la morale.