Les leçons venues d’Autriche

La presse a fait ses gros titres sur le fait que, pour la première fois, un candidat d’extrême droite était arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle en Autriche et a retenu comme fait marquant que les deux principaux partis traditionnels étaient éliminés du second tour.

Pourtant, en Autriche comme en France et dans la plupart des pays européens, il n’y a rien d’étonnant à ce que les partis socialistes et les partis conservateurs qui, quels que soient leurs discours, mènent de fait quasiment la même politique quand ils sont au pouvoir, soient complètement discrédités. Volontairement ou par manque de courage politique, tout le monde voit bien qu’ils ne sont que les jouets du monde de la finance, ce qui a pour effet que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres.

Rien d’étonnant alors que les électeurs se tournent vers ceux qui apparaissent hors du système, le problème moral n’apparaissant plus aussi clairement vu la teneur de certains discours de la classe politique en place et les scandales qui frappent plusieurs de ses membres. Évidemment, les politiques populistes n’arrangeraient en rien la situation des peuples et poseraient beaucoup d’autres problèmes, mais nous sommes ainsi faits que souvent on a besoin de le voir pour le croire.

Mais ce que nous dit aussi cette élection autrichienne, c’est que la seule alternative crédible au national-populisme et au libéralisme ce sont les écologistes, qui posent les bonnes questions et qui ont les réponses pour organiser une vie harmonieuse entre tous les humains d’une part et entre les humains et leur environnement. Certes, les écologistes étant des humains comme les autres, ils sont également susceptibles de partir à la dérive et hélas discréditent les organisations dont ils font partie. Mais, qu’elle soit portée par quelqu’un issu de ses rangs ou par des femmes et des hommes venant d’ailleurs, l’écologie apparaîtra de plus en plus comme le seul recours contre le fascisme et le libéralisme.

 

 

Les responsables politiques ont-ils vraiment tout fait pour éviter la montée du terrorisme ?

Porté par l’immense émotion qu’ont manifestée la quasi-totalité des habitants du pays suite à l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo et des policiers, le président de la République a décrété une journée de deuil national et il a eu raison de le faire. Quelques heures après ce terrible événement, il est malgré tout rassurant de constater que tous les partis politiques démocratiques se retrouvent ensemble pour dire que nous ne laisserons pas porter atteinte à notre liberté de penser et à notre liberté d’expression, fondements du vivre-ensemble de la République.

Pour autant, cet unanimisme républicain ne doit pas être un moyen pour la classe politique de s’exonérer de la responsabilité qu’elle a dans la survenue de ce genre d’actes barbares : quand on vit dans un pays où, depuis 30 ans, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, fatalement il y a un moment où cela explose d’une façon ou d’une autre. Des jeunes de plus en plus nombreux, quelle que soit leur origine, simplement parce qu’ils ne sont pas nés au bon endroit, s’aperçoivent qu’ils n’ont d’autres perspectives que de vendre leur force de travail dans des conditions de plus en plus difficiles et dégradantes juste pour pouvoir survivre. Ceci dans un des pays les plus riches du monde où des gens propres sur eux leur expliquent à longueur de temps qu’il faut aller encore plus loin dans cette politique libérale mortifère pour sortir de la « crise ». Et où ils s’aperçoivent que l’usage du bulletin de vote et l’alternance démocratique ne changent rien au discours dominant et aux politiques menées. Comment s’étonner après que cette injustice, ce cynisme n’alimentent pas ensuite les actes les plus fous et les plus criminels ?

De tous temps les fanatismes politiques et religieux ont prospéré sur ces situations de désespérance. Bien sûr, la police et la justice doivent faire leur travail pour châtier les assassins, mais cela ne sera jamais suffisant. Le travail de fond qu’il faut faire maintenant, sur le long terme, c’est d’ôter toute raison aux jeunes de notre pays de s’en remettre à des manipulateurs sanguinaires et que la devise liberté-égalité-fraternité gravée au fronton de nos mairies ne soit pas bafouée en permanence par les valets de la finance internationale.

 

Inquiétante dérive

La Ve République, avec la personnalité du général de Gaulle et les réformes institutionnelles qu’il a menées, a beaucoup fait pour la personnalisation de la vie politique française. Mais, au moins à gauche, restait l’idée qu’on se rassemblait pour défendre un projet collectif et que, ensuite, on décidait de la personne qui était la mieux placée à l’intérieur du groupe pour porter ces idées devant le reste de la population. Mais c’était toujours le projet collectif qui était mis en avant.

L’évolution, à l’américaine, des mœurs politiques a fait que c’était de plus en plus le porteur du projet que le projet-lui-même qui était sous le feu des projecteurs. Mais, quand il s’agissait de personnalités comme Michel Rocard ou Lionel Jospin, dont les importantes contributions au débat politique étaient largement connues, ce n’était pas trop gênant. Il en est de même à l’échelle locale, où par exemple l’action du maire François Balagéas est suffisamment connue des Eaubonnais pour qu’il n’y ait rien de choquant à ce qu’il mette son nom et sa photo en gros sur des affiches, et il en est évidemment de même pour nous à Soisy avec Luc Strehaiano.

Mais qu’une inconnue qui n’a jamais rien fait dans sa vie politique, qui n’a jamais rien produit ni mené aucune action comme Laura Bérot fasse le même type de campagne est proprement hallucinant. Juste un nom sur une photo sans aucun message de fond. Si encore figurait le logo d’un parti politique, on pourrait admettre que cette personne ne soit rien en elle-même parce qu’elle serait la représentante d’un parti dont les orientations sont connues. Mais là, rien, le néant complet.

Ces pratiques de communication tendent à ramener le débat politique à un jeu de téléréalité où on tape 1, 2 ou 3 selon le look du candidat. C’est une inquiétante dérive, et ce n’est pas pour arriver à un tel résultat que des générations et des générations de militants de gauche se sont battus.

 

 

L’art (dangereux) d’élever le fait divers en problème politique

Les derniers propos relevés sur le site de la liste Soisy pour Tous, décrivant une «démocratie « about » de souffle » à Soisy, seraient risibles s’ils ne révélaient pas un inquiétant niveau d’analyse politique. Les petites guéguerres entre colleurs d’affiches de camps opposés ont toujours existé, et pour ma part cela fait longtemps que j’ai renoncé à m’y livrer : d’abord pour cesser de gâcher du papier et de l’énergie, et ensuite parce que ce n’est jamais ainsi que l’on fait connaître les idées que l’on défend.

Mais, quand on veut imposer son image sur les murs de la ville comme l’a fait le Parti socialiste ces dernières semaines, il faut accepter le risque d’être recouvert ou décollé, c’est la règle de ce jeu un peu stupide. Qualifier ces méthodes de « peu démocratiques », c’est faire rentrer la démocratie dans un champ d’appréciation où elle n’a rien à faire alors que les dangers qui guettent la démocratie — et il y en a aujourd’hui — ne sont assurément pas là.

Faire tant de bruit autour de choses aussi banales montre une déformation dans la perception des choses qui ne rassure pas sur les capacités des auteurs. Une manière de détourner le débat ? Parce que, en matière de pratiques démocratiques, ceux qui utilisent aujourd’hui le nom de « Soisy pour Tous » ne sont vraiment pas en situation de donner des leçons.