Les petits pas contre le développement du trafic aérien

Ce mardi 9 mai se tenait un rassemblement devant le ministère de la Transition écologique réunissant des élus, des associations et des citoyens pour souligner toutes les nuisances causées par le trafic aérien sur la santé des riverains et sur l’environnement.

Mais ça fait plus de vingt ans que ce genre de manifestation existe… A l’époque tous ces élus et des associations comme l’Advocnar demandaient surtout la modification des trajectoires d’approche et la création d’un troisième aéroport desservant l’Ile-de-France pour réduire les nuisances subies par les Val-d’Oisiens, mesures complètement illusoires. Aujourd’hui, ils réclament un plafonnement du nombre de vols à Roissy et l’établissement d’un couvre-feu comme dans de nombreux aéroports européens, ce qui est déjà plus responsable et plus efficace.

Mais aucun n’a réclamé la taxation du kérosène des avions à l’égal du carburant des voitures, pourtant première mesure, simple à mettre en œuvre, pour mettre un coup d’arrêt au développement du trafic aérien. Et ne parlons du maire de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, qui, en toute innocence, a évoqué le fait que le trafic aérien participait au réchauffement climatique, alors que son projet Europacity qu’il a défendu bec et ongles y participait directement par la bétonisation des terres agricoles et par le supplément de trafic aérien qu’il engendrait !

Pourquoi avons-nous des élus toujours en retard de vingt ans sur les diagnostics et les solutions à mettre en œuvre ?

Le maire de Gonesse vire vers l’extrême-droite

La marche de Gonesse à Matignon pour la sauvegarde des terres agricoles de Gonesse devait partir ce matin du chemin de la Justice à 9 h 30 et elle est partie à l’heure dite, ce qui est vraiment exceptionnel pour une manif. Gentiment encadré par les forces de l’ordre devant et derrière, le cortège s’est arrêté devant la mairie de Gonesse où le maire, Jean-Pierre Blazy, avait mobilisé quelques dizaines d’élus et d’employés municipaux pour réaffirmer leur soutien au projet climaticide d’Europacity. Avec des pancartes affirmant que « 81 % des Gonessiens soutiennent le projet Europacity » alors qu’on a encore eu la preuve du contraire ce matin.

Mais, surtout, pendant que se déroulaient les prises de paroles de membres du CPTG, de « Nous Gonessiens », de la CGT95, de syndicats de commerçants et d’élus comme Clémentine Autain, les obligés du maire se sont mis à scander des slogans comme « Rentrez chez vous », un des slogans préférés de l’extrême-droite… Comme si les terres agricoles, l’air qu’on respire n’appartenaient qu’à ceux qui sont dans les étroites limites artificielles d’une commune et qui auraient le droit d’empoisonner toute la région.

Heureusement, la manif a pu tranquillement continuer son chemin vers La Courneuve, sous les applaudissements des rares commerçants de Gonesse qui arrivent encore à survivre en centre-ville.

A Gonesse, les militants toujours présents sur la zone à défendre

Ce matin 25 juillet, journée où la France bat des records de chaleur, des citoyens se sont mobilisés pour la troisième fois afin de stopper les travaux qui ont débuté sur le Triangle de Gonesse et préserver ces hectares de fraîcheur.

Il s’agit de travaux préparatoires pour l’adduction d’eau de la future gare qu’espère le groupe Auchan pour desservir son monstre Europacity. Ils ont pu commencer à cause d’un arrêté pris par le préfet du Val-d’oise, préfet qui ne doit pas bien connaître la loi puisque les terrains prévus pour cette gare sont toujours à cette heure classés zone naturelle en vertu du jugement du tribunal administratif annulant le PLU décidé par le maire de Gonesse Jean-Pierre Blazy.

C’est sans doute pour cette raison que, pas très à l’aise dans ses baskets, le préfet fait tout pour qu’il n’y ait pas d’incidents entre les citoyens bloquant les travaux illégaux, les ouvriers du chantier et la police nationale. Les 2 et 5 juillet la police avait évacué en douceur les manifestants par principe pacifiques et non-violents, ce matin, elle s’est même contentée de faire un barrage symbolique pour empêcher les militants présents chemin de la Justice de rejoindre ceux qui bloquaient les engins de chantier.

Plus que jamais, le réchauffement climatique nous dit que les terres agricoles du Triangle de Gonesse sont une zone à défendre !

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Il n’est pas toujours réjouissant de voir élu un candidat de gauche

Il est certain que les valeurs écologistes se retrouvent plus facilement dans celles de la gauche que dans celles de la droite. Encore faut-il que ceux qui devraient porter ces valeurs de gauche ne se soient pas laissé happer par les feux du capitalisme triomphant.

Et c’est hélas le cas du maire de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, qui se réjouit ce matin dans le Parisien que sa réélection va lui permettre de réaliser son projet pour les six ans qui viennent, « en particulier l’aménagement du Triangle de Gonesse ». Qu’un socialiste soit indifférent à la disparition d’excellentes terres agricoles dont nous allons avoir tant besoin dans les décennies à venir pourrait peut-être encore se comprendre. En revanche, comment est-il possible que celui-ci reste aveugle devant la bulle spéculative commerciale qui risque bien d’éclater avant la fin de son mandat ?

Tous les ans, la surface commerciale augmente de plus de 3 % alors que la consommation évolue à moins de 1 % *. Donc, fatalement, la rentabilité de ces centres commerciaux ne peut que diminuer. Comment se fait-il alors qu’il continue de se lancer tant de nouveaux projets ? Parce que les développeurs de ces centres commerciaux sont soit des filiales de grands groupes de la distribution soit des sociétés d’investissement immobilier cotées (SIIC) qui bénéficient d’une exonération d’impôt sur les sociétés.

Ayant des actionnaires à plus de 90 % étrangers à rémunérer, celles-ci sont au cœur de la spéculation des marchés financiers et ne sont plus dans une logique commerciale mais financière en valorisant les murs à partir des loyers susceptibles de rentrer dans le futur, la valeur des murs servant ensuite à garantir de nouveaux appels de fonds pour la réalisation de nouvelles opérations… C’est-à-dire une fuite en avant infinie, du même type que celle des subprimes américains au début du siècle et qui a conduit à la crise financière internationale que l’on sait.

Il ne reste plus qu’à espérer que la bulle éclate avant que l’irréparable soit commis ou que Jean-Pierre Blazy entende enfin son opposition municipale et cesse de faire croire aux Gonessiens qu’Europacity pourrait créer des emplois alors qu’il y en aura au moins autant qui seront détruits dans les environs.

(*) Source Assemblée des communautés de France.