Mon beau sapin, loin des forêts

Voici venu le temps où, de loin en loin, l’on va voir se dresser sur les trottoirs de nos villes de nombreux sapins quelque peu déplumés. A chaque fois que revient ce triste spectacle, je ne peux m’empêcher de repenser à ce conte de mon enfance qui décrivait la destinée d’un sapin de Noël : ce sapin était d’abord très fier d’être décoré de jolies guirlandes et tout heureux de faire ainsi la joie des enfants qui s’affairaient autour de lui, puis éprouvait quelque peine à être déshabillé de ses décorations et délaissé, mais prenait quand même les choses avec philosophie dans le grenier où on l’avait remisé (un internaute pourra-t-il retrouver et m’indiquer la référence de ce conte ?).

A Soisy, tous ces sapins se retrouveront mélangés au reste des déchets et ne seront donc pas valorisés pour ce qu’ils sont susceptibles d’apporter en étant recyclés, contrairement à certaines communes de la Cavam comme Groslay ou Saint-Gratien qui organisent des collectes spéciales. Plus globalement, tout cela interroge sur l’organisation de notre société où un arbre met des années pour être commercialisable, est utilisé quelques jours puis est jeté au tout-venant. Sur 5 millions de sapins vendus chaque année en France cela fait quand même un sacré gâchis, et on frissonne à la pensée que c’est tout notre système de consommation qui est, hélas, organisé ainsi…

 

Tout est bon pour piéger les clients des grandes surfaces

S’il est bien un principe que tous les consommateurs de tous âges et de toutes conditions ont intégré dans leur for intérieur, c’est que « plus on achète en grande quantité moins cela revient cher ». Avec ce principe en tête, quand on va faire les courses pour la semaine dans la grande surface voisine, on a naturellement tendance à prendre l’article de notre choix dans le conditionnement le plus important, surtout pour les produits non périssables.

Eh bien quelle erreur, au moins à notre Auchan de Soisy ! Par exemple, une grande marque de lessive en doses, avec exactement le même adoucissant intégré à chaque fois : — 8, 10 € la boîte de 21 doses, soit 0,38 € la dose ;
— 12,99 € la boîte de 32 doses, soit 0,4059 € la dose ;
— 18,30 € la boîte de 40 doses, soit 0,4575 € la dose !
Comble de l’ironie, en prenant deux boîtes de 21 doses vous paierez moins cher qu’en prenant une boîte de 40 doses tout en ayant plus de produit !

Bien sûr, Auchan pourra toujours argumenter que l’information est donnée, et que les prix unitaires sont indiqués sur les étiquettes. Mais en tellement plus petit que le prix de l’article ! Et en admettant que l’étiquette soit bien en face de l’article — ce qui est loin d’être toujours le cas — car on a vite fait de confondre avec un article presque similaire mais avec un parfum différent qui s’est un peu décalé dans le rayon…

Nous sommes nombreux à faire l’essentiel de nos courses en grande surface parce que nous pensons que c’est plus simple et que cela revient moins cher. Mais souvent, avec en plus les dates de péremption pour les produits frais à surveiller de près, c’est un vrai parcours du combattant avec des pièges potentiels à chaque détour de gondole !

 

 

Je vais faire mon marché au Cap-Vert

Ce dimanche, c’était la fête au marché de Soisy. Et le marché c’est un endroit important dans une ville puisque, outre sa fonction nourricière, c’est aussi un lieu de rencontre et d’échange, c’est là que, souvent, on sent battre le cœur de la ville. C’est donc une bonne chose que les commerçants essayent de rendre ce lieu attractif, et c’est normal que la municipalité les aide dans cet effort.

Mais quelle est la bonne façon de rendre un marché attractif ? Il y a quelques années, l’Association des commerçants du marché invitait les clients à participer à un tirage au sort dont le gros lot était une voiture, voiture qui était fièrement exhibée devant l’hôtel de ville plusieurs jours auparavant. En pensant aux gens qui économisent pendant des années pour  s’acheter une voiture et qui pouvaient voir un de leurs voisins — éventuellement plus riche qu’eux — en gagner une comme ça sans rien faire, j’avais fait part de mon indignation au conseil municipal, d’autant qu’il se trouvait que le montant de la subvention municipale à l’association de commerçants correspondait à peu près à la valeur de la voiture offerte en gros lot ! Autrement dit les Soiséens, à travers leurs impôts, se cotisaient pour que l’un d’eux gagne une voiture !

La démonstration a dû finir par toucher un certain nombre d’élus de la majorité car cette voiture a peu après cédé la place à des lots d’apparence plus raisonnable, comme cette année avec un voyage au Cap-Vert, un scooter, des I-Pads, même si au final les sommes engagées doivent être équivalentes.

Mais le principe de ces gains dus au seul fait du hasard reste toujours aussi choquant. Il n’est pas question d’interdire aux gens qui en ont envie de s’adonner aux jeux de hasard, cela doit être la liberté de chacun. Mais cela devient moralement choquant quand la puissance publique encourage ces pratiques alors qu’on connaît les risques d’addiction, et politiquement douteux quand on sait que toutes ces loteries et divers cartons de la Française des Jeux sont aussi un moyen pour que les gens évitent de lutter contre les injustices sociales en se disant que eux, peut-être, ils auront la chance de… C’est là une tentative de conditionnement des citoyens contre laquelle il convient de lutter.

N’y aurait-il donc pas d’autres moyens de rendre le marché de Soisy attractif ? Des fois il y a de la musique, ce qui est déjà plus sympathique, mais pas forcément du goût de tout le monde. Les commerçants ne peuvent-ils pas faire valoir d’autres atouts ? En mettant par exemple en avant que les produits qu’ils vendent sont bio ou au maximum issus de la production locale ?  Que leurs melons viennent de Charente et non pas par avion de Guadeloupe comme je l’ai vu hier ? Pour nous qui subissons les nuisances aériennes, ne serait-ce pas là une campagne de promotion qui aurait de l’allure ? Et qui rapporterait ses fruits ?