Les insupportables manœuvres d’un gouvernement aux abois

La faute morale de l’utilisation du 49-3 pour faire passer une réforme majoritairement refusée par les Français et la représentation nationale a été abondamment commentée, je n’y reviendrai donc pas. Que le peuple continue de marquer sa réprobation, surtout après l’incroyable intervention télévisée de celui qui ne sait pas descendre de son Olympe, est rassurant quelque part. Que cette indignation populaire donne lieu à d’insupportables violences policières est inquiétant.

Mais un degré supplémentaire dans la turpitude a été franchi hier avec ce qui s’est passé à Sainte-Soline. Comme l’a souligné la Ligue des droits de l’homme, il était déjà anormal que cette manifestation soit interdite. De constater ensuite que l’exécutif met en place une mise en scène de violences dues à des « manifestants » pour justifier les violences policières de ces derniers jours est effrayant. Alors que nous avons une police et une gendarmerie nationales compétentes, qui savent faire ce qu’il faut pour que « ça se passe bien », ne pas s’exposer inutilement et protéger leur matériel, c’est un autre scénario qui avait été choisi par le ministre de l’intérieur.

Et s’il y a eu des véhicules de gendarmerie incendiés c’est bien parce que le commandement l’a voulu. Pourquoi ces véhicules étaient placés de cette façon ? Pourquoi rien n’a été fait pour arrêter ces feux ? Les gendarmes n’ont pas d’extincteurs, pourtant obligatoires dans les véhicules de transport en commun ? Non, c’était pour que des chaînes de télévision complaisantes puissent mieux filmer ces véhicules en train de brûler, en espérant que cela contribue à retourner l’opinion publique contre les manifestants. Mais la perte de crédibilité de ce gouvernement est telle qu’il risque d’en falloir un peu plus. Perspective qui n’est pas rassurante du tout…

Photo de policiers avec intention de nuire au projet de loi de sécurité globale

Plusieurs stations de métro fermées dont Etoile, impressionnant dispositif policier anti-émeutes déployé dans un large périmètre autour du Trocadéro, fouille systématique des sacs et quelquefois fouille au corps, on peut dire que le sieur Darmanin a le sens de la provocation. Il voudrait faire détester la police par les citoyens qui sont tout simplement venus pour rappeler les valeurs fondamentales de la République qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Au lieu de travailler à développer les bonnes pratiques dans la police nationale, avec son projet de loi il envoie le message comme quoi les bavures (quelquefois explicables) seront encore plus couvertes qu’avant. Comme le rappelaient certaines pancartes, la police doit nous protéger mais, si elle fait mal son travail et qu’il devient interdit de le montrer, qui va nous protéger de la police ?  Honte aux ministres successifs qui n’ont pas su cultiver le mouvement de sympathie éclos naturellement entre les citoyens et la police après les attentats contre Charlie Hebdo et l’hyper cacher !

Pour continuer ensemble le combat de Samuel Paty

Plutôt que les déclarations ineptes d’un ministre de l’Intérieur ne sachant pas où il habite, il y aurait un moyen fort de lutter contre le fanatisme religieux menant au terrorisme : que chaque commune de France baptise de son nom une école, un collège, une rue, un jardin, montrant ainsi que les valeurs que défendait Samuel Paty avec son enseignement sont celles du pays tout entier. Quelle place pourrait trouver un apprenti jihadiste ainsi encerclé de ce fort symbole ?

Mais ce n’est évidemment pas suffisant : comme l’a souligné le représentant de la FCPE lors de l’hommage rendu le 19 octobre sur le parvis de la préfecture de Cergy, l’assassin avait 18 ans et les autres qui sont passés à l’acte meurtrier étaient également très jeunes. « Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Comment des jeunes peuvent-ils aujourd’hui commettre de tels actes ? La jeunesse n’a pas besoin qu’on lui explique que la société actuelle est dure, injuste, en particulier contre elle. Elle le sent, elle le voit, elle le vit. Mais depuis des décennies, la société transmet aux jeunes les valeurs de l’individualisme, de la démerde pour s’en sortir, quitte à écraser les autres. Le fanatisme religieux n’est qu’une expression de cet individualisme. »

Notre responsabilité de citoyen est aujourd’hui est de remettre en avant les valeurs collectives, de redonner espoir à la jeunesse. Cela doit commencer par cesser de diminuer les moyens octroyés à l’Éducation nationale et remettre dans les établissements les moyens humains qui font cruellement défaut aujourd’hui : enseignants, surveillants, infirmières, personnel technique, et que ceux-ci soient réellement soutenus par l’institution qui a trop souvent tendance à laisser faire.

Et, avec nos jeunes, ouvrons nos livres d’histoire, pour comprendre notre monde et voir comment certains jeunes se sont mobilisés, de tout temps et en tous lieux, pour rendre ce monde meilleur et plus juste. Ensemble, nous verrons tout de suite que ce n’était pas lors des croisades…