Benoît Hamon est dans la vraie tradition de gauche en développant des idées nouvelles

Dimanche 26 mars au marché de Soisy
Dimanche 26 mars au marché de Soisy

En ces temps où de nombreux citoyens sont plus que perplexes face à la configuration que prend cette élection présidentielle, il est normal que je fasse part publiquement de mon choix. Réservé sur le fait que les écologistes présentent cette fois encore un candidat à l’élection présidentielle, je me suis évidemment réjoui de l’accord entre Yannick Jadot et Benoît Hamon.

En effet, l’heure n’est plus pour les écologistes de témoigner comme nous le faisons depuis 40 ans, mais de changer radicalement la société. Pour cela, le meilleur levier est bien sûr d’avoir un candidat porteur de nos idées qui soit en mesure de remporter le second tour, et pour la première fois nous en avons un en la personne de Benoît Hamon.

Porteur de nos idées, Benoît Hamon l’est indiscutablement comme le montrent la campagne qu’il a faite lors de la primaire socialiste ainsi que le texte de l’accord signé avec Yannick Jadot. Et si l’accord conclu en 2012 avec François Hollande n’était qu’un tiède compromis fait au nom de la raison, il en va tout autrement aujourd’hui : le rôle de la gauche a toujours été d’être porteuse d’idées nouvelles profitant à l’intérêt général comme la réduction du temps de travail, les congés payés ou le principe même de la protection sociale. Benoît Hamon s’inscrit pleinement dans cette tradition en proposant le revenu universel, proposition qui répond pleinement aux problématiques de notre temps et qui est dans la logique exactement contraire de celle que le monde capitaliste veut nous imposer.

Les pays européens ont largement les moyens de mettre en œuvre une telle mesure. Sa mise en place aura des effets secondaires bénéfiques dont nous soupçonnons à peine l’ampleur. Et nous serons fiers si c’est la France, avec Benoît Hamon, qui aura été la première à montrer la voie.

 

Les abus de quelques-uns ne doivent pas conduire à mal légiférer

Il est inquiétant de constater que l’évidente amoralité du sieur François Fillon risque de conduire à interdire aux parlementaires d’employer des membres de sa famille, ce qui est complètement absurde, voire dangereux.

De nombreux conjoints d’artisans et de commerçants travaillent pour leur époux ou leur épouse, de nombreux enfants commencent à travailler avec leurs parents avant de reprendre l’entreprise familiale, il n’y a rien de plus naturel. Alors, certes, le « métier » de politique n’est pas un métier comme les autres et il n’est pas choquant qu’il fasse l’objet de dispositions particulières. Mais, par exemple, tout le monde sait que la deuxième épouse de Nicolas Sarkozy a eu un rôle actif dans la carrière politique de son mari, je ne sais pas si ça a été le cas mais il n’y aurait rien de choquant à ce qu’elle ait reçu un salaire pour cela.

Surtout, jusqu’où va-t-on considérer que va la famille ? Oncles et tantes, cousins et même petits-cousins ? Va-t-on aller, comme sous l’Ancien Régime, jusqu’au 8e degré civil où il fallait une dispense de l’évêque pour se marier ? Et, s’il est facile de déterminer ce qu’est un couple légitime, quel sera le sort des pacsés et de ceux qui vivent en union libre, que ce soit au grand jour ou de façon plus discrète ? Mènera-t-on des enquêtes de police pour savoir quelle est la nature de leur lien ?

Et puis, alors que l’on sait que de nombreuses personnes trouvent leur futur-e conjoint-e dans leur milieu professionnel, cela voudrait dire qu’à un député et son attaché parlementaire il serait par définition interdit d’avoir une relation affective poussée ? Parce que cette relation tomberait sous le coup de la loi ? Qu’avant toute concrétisation du lien il faudrait licencier, ce qui poserait d’autres problèmes par rapport au droit du travail ?

Il faut arrêter les délires. Les problèmes posés par les pratiques de François Fillon ne sont pas de nature légale, ils sont de nature morale. Et la loi n’a pas forcément vocation à régir la morale.

Merci cher Canard

Jamais la vitalité du « quatrième pouvoir », la presse, n’a été aussi indispensable qu’aujourd’hui. Merci donc au Canard enchaîné d’avoir révélé au pays ce qu’étaient les pratiques réelles de celui qui prétendait donner des leçons de morale au reste de la classe politique. Quelle que soit l’issue judiciaire à laquelle nous assisterons, il est maintenant évident que l’homme politique François Fillon détournait à des fins personnelles les fonds publics qui lui étaient alloués pour accomplir son mandat.

Peut-être que Pénélope Fillon l’a quelque peu aidé dans différentes tâches comme cela se passe dans tous les couples. Moi-même, il est arrivé à maintes reprises que mon épouse me donne des idées, des informations, modifie des articles que j’avais rédigés, corrige des tracts que j’avais écrit, et tout cela bénévolement. Bénévolement parce que, moi-même acteur politique bénévole, j’aurais été bien en peine de lui attribuer un quelconque salaire.

Alors que Pénélope Fillon ait —  dans le meilleur des cas — touché des salaires mirobolants pour de potentielles tâches plus que légères, oui, c’est énormément choquant. Et quand ce scandale est le fait de quelqu’un qui voulait supprimer 500.000 emplois de fonctionnaires aux salaires souvent modestes au prétexte de redresser le pays, on mesure le cynisme de ces dirigeants sans aucun sentiment humain. Il n’y a plus qu’à souhaiter que ce soit le peuple qui désormais lui interdise toute responsabilité publique.

Adieu PS, je t’aimais bien…

En ces temps électoraux difficiles, on ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine satisfaction à l’annonce des résultats de la primaire organisée par les socialistes : le fait que Manuel Valls, qui n’a jamais été de gauche, ne réunisse même pas un tiers des suffrages sur son nom et arrive derrière Benoît Hamon, a quelque chose de rassurant sur l’état réel de ce que j’ose encore appeler le « peuple de gauche ».

Cette primaire signe vraisemblablement l’acte de décès du PS et, vu ce qu’il est devenu, ce ne peut être que salvateur. Depuis 1905 le Parti socialiste a fait de grandes choses avec entre autres Léon Blum et le Front populaire, puis François Mitterrand avec l’abolition de la peine de mort et Michel Rocard avec les révolutions RMI et CSG, et jusqu’à Lionel Jospin qui a relancé le processus émancipateur de réduction du temps de travail et arrêté le surgénérateur nucléaire Superphénix. Mais, malgré les étiquettes, ce PS-là n’était plus au gouvernement.

Et si les cartes ont été brouillées au point qu’on ne distingue plus guère la différence entre la gauche et la droite, on peut quand même aujourd’hui distinguer deux catégories de responsables politiques : ceux qui font de la politique d’accompagnement — c’est-à-dire en fait qui laissent les puissances financières transnationales faire comme bon leur semble — et ceux qui, conscients de l’injustice sociale et de la finitude de la planète, mettent toutes leurs forces à faire de la politique de transformation.

Dans la catégorie de ceux qui font de la politique d’accompagnement les nuances sont infimes entre Valls, Macron ou Fillon. De l’autre côté, et c’est pour ça que le PS a fini d’exister, se trouvent Hamon, Montebourg, Mélenchon et nous-mêmes à EELV. Nous avons certes des sujets de désaccord. Mais nous avons conscience des vrais problèmes et nous parlons la même langue, donc l’avenir n’est pas forcément complètement noir pour les générations futures.

 

C’est un martyr, et les martyrs sont des bienheureux*

Tout assassinat est horrible et condamnable et je condamne évidemment sans réserve celui du père Jacques Hamel le 26 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray. J’avais toutefois été surpris, dans les jours qui ont suivi, de constater que celui-ci faisait presque plus de bruit médiatique que celui quelques jours auparavant à Nice de 86 de nos concitoyens.

D’abord parce que 86 personnes ce n’est quand même pas la même chose que 1 personne. Ensuite parce que, au risque de paraître anormal, la mort injuste d’une personne âgée me traumatise quand même moins que celle d’un jeune adulte et a fortiori que celle d’un enfant comme cela a été le cas à Nice.

De plus, pour un catholique, la mort physique c’est quand même la promesse d’aller au Paradis (tout comme pour les musulmans pratiquant le djihad d’ailleurs), endroit qui semble un peu plus agréable et facile à vivre que notre terre de souffrances, alors que les athées tombés à Nice n’ont même pas cette « consolation ». Surtout, dès ce moment, je n’ai pu m’empêcher de penser que le père Jacques Hamel rejoignait la « glorieuse » lignée de tous les saints martyrs du christianisme tués à cause de leur foi, à la suite de sainte Blandine dévorée par les lions ou de saint Sébastien percé de flèches par exemple.

Craignant que cela ne soit jugé comme politiquement pas correct, j’avais alors gardé ces pensées pour moi. Mais quand j’apprends aujourd’hui que le Vatican entreprend une procédure de béatification accélérée du père Jacques Hamel, je ne peux m’empêcher de penser « Chapeau l’Église ! voilà une belle opération politique ! ». Tout en m’inclinant devant le bienheureux père Jacques Hamel.

(*) Homélie du pape François.

La bonne réponse au burkini c’est plus de liberté

Comme tout ce qui est nouveau, voir pour la première fois un burkini sur une plage peut choquer, dans le sens de « créer un choc ». Mais, passée la surprise, un choc dont on peut se remettre facilement. Cela fait des décennies que les créateurs de mode rivalisent d’ingéniosité pour enlever ou rajouter des morceaux de tissu à leurs maillots de bain tant féminins que masculins sans que cela ne traumatise personne sur les plages où l’on constate une grande diversité.

Personne ne trouverait à redire à ce quelqu’un se baigne tout habillé, ce quelqu’un se ferait regarder un peu plus que les autres, mais à peine plus qu’une femme en tenue de plongée ou qu’un homme gardant son tee-shirt. Si l’apparition du burkini suscite plus d’émotion, c’est évidemment parce qu’il ne relève pas de la simple fantaisie d’un individu mais qu’il est porteur d’une signification sociale.

Il est sain de s’inquiéter de la recherche d’une plus grande visibilité de la religion dans l’espace public, cette recherche n’étant évidemment pas neutre. Mais y apporter comme réponse l’interdiction, sur des bases juridiques faibles, est la pire des réponses qui soit, et ne peut que faire le jeu des fondamentalistes. La réponse intelligente à l’intégrisme religieux ce n’est pas moins de liberté mais plus de liberté : et donc de décréter maintenant une liberté totale sur toutes les plages, du naturisme au costume trois-pièces.

Michel Rocard, l’honneur de la gauche

Je ne peux pas laisser Michel Rocard nous quitter sans dire un mot de l’importance qu’il a eue sur mon engagement politique. En 1969 j’avais la télévision depuis peu et avais suivi assidûment les débats pour l’élection présidentielle. Par rapport aux autres candidats, assister aux prestations de Michel Rocard avait une saveur particulière parce que, en l’écoutant, on avait l’impression de devenir plus intelligent… Ce qui, à 14 ans, vous marque forcément.

Plus tard, après avoir quitté les écologistes à cause de leur positionnement « ni droite ni gauche » et marqué ma sympathie aux libertaires, c’est bien lui, Michel Rocard, qui m’a fait franchir le pas d’adhérer à ce parti réformiste qu’était le Parti socialiste, afin qu’il soit le candidat des socialistes à l’élection présidentielle de 1981. On sait ce qu’a été la suite… Mais, dès 1980, j’avais assisté à une réunion locale animée par des proches de Michel Rocard où ils décrivaient leur souhait de mettre en place un « revenu minimum d’existence », idée qui paraissait complètement utopique voire saugrenue dans la société française de l’époque et même au Parti socialiste.

Mais en 1985 au congrès de Toulouse, bien qu’encore une fois minoritaire, Michel Rocard parvient à faire inscrire dans la motion de synthèse cette idée de revenu minimum d’existence qui deviendra un élément de programme du PS. On sait ce qu’il advient de bon nombre de promesses des programmes politiques… Pourtant, quand il a été en situation de gouverner en 1988, Michel Rocard a mis en place ce qui paraissait complètement utopique peu de temps avant et créé le RMI ! Chapeau bas.

Au cours de ses trois années à la tête du gouvernement il a aussi mis en place la CSG, qui était révolutionnaire dans le sens qu’elle concrétisait l’idée que la protection sociale ne devait pas être financée uniquement par les revenus du travail mais par l’ensemble des revenus, dont les revenus financiers. Elle a été vilipendée tant par la droite que par certains syndicats, pour être ensuite très vite acceptée par l’ensemble de la société parce qu’elle était juste.

Comment également ne pas saluer sa démarche de dialogue en Nouvelle-Calédonie où, après les dégâts provoqués par le lâche et sanguinaire Bernard Pons, il a su créer les conditions pour que s’établisse une paix durable ? Encore une action où l’on n’aurait pas trouvé grand monde pour parier sur sa réussite.

Pourtant, comme tout grand homme, il a eu ses faiblesses : je ne comprends toujours pas pourquoi il a facilité la carrière politique de Manuel Valls, qui est son exact contraire.

Toutefois, à la suite de Jean Jaurès et de Léon Blum, il restera de ceux qui ont marqué et honoré l’histoire de la gauche.

 

Victoire provisoire des démocraticides à Notre-Dame-des-Landes

Malgré la victoire du « oui » au référendum sur Notre-Dame-des-Landes, les opposants à l’aéroport ont annoncé qu’ils continuaient le combat et ils ont bien raison, tant les conditions dans lesquelles s’est déroulé ce référendum sont scandaleuses :

— c’est un projet que les régions Bretagne et Pays de la Loire sont appelées à financer, mais le gouvernement a décidé de consulter sur le seul périmètre qui pouvait lui être favorable, le département de Loire-Atlantique ;
— la question posée aux électeurs induisait volontairement en erreur puisqu’il ne s’agit pas du transfert de l’aéroport Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes mais de la construction d’un nouvel aéroport, Nantes-Atlantique restant de toutes façons en activité.

Cette façon d’utiliser les outils de la démocratie pour arriver à ses fins est porteuse de tous les dangers parce que les citoyens finissent par se dire que c’est la démocratie qui est source de tous leurs maux, avec toutes les conséquences populistes que l’on peut imaginer. Nos gouvernants sont en train de tuer la démocratie, il est urgent de les mettre hors d’état de nuire.

C’est ce gouvernement qui est dangereux, c’est ce gouvernement qu’il faut interdire

Non content d’exploiter de façon particulièrement indigne les dégradations lors des dernières manifestations — alors que de nombreux observateurs dont des syndicats policiers s’étonnent de certaines consignes données aux forces de l’ordre —, ce gouvernement franchit un pas de plus dans l’ignominie en osant interdire une manifestation déclarée par les plus grandes organisations syndicales.

Comme y appelle la Ligue des droits de l’homme c’est donc maintenant — sous un gouvernement prétendûment de gauche — la liberté de manifester qu’il faut défendre et bien sûr j’y serai. Tout en sachant que, tant que ce Premier ministre pyromane sera à Matignon, le pays ne pourra retrouver la paix.

Évidemment Nicolas Hulot

Je ne vais pas faire moi aussi mon « appel du 18 juin » mais maintenant que le congrès de mon parti, Europe Ecologie Les Verts, est passé, il est utile de s’occuper de l’étape suivante, l’élection présidentielle.

Je pense toujours autant de mal de cette élection qui est la clé de voûte d’un système reposant sur un seul homme qui peut si facilement s’affranchir des engagements qu’il a pris devant ceux qui lui ont fait confiance. Toutefois, ce n’est pas encore la dictature, et autant essayer d’utiliser au mieux les outils qui sont à notre disposition, l’élection présidentielle en étant une parmi d’autres.

Quelle que soit l’estime que j’ai pour Eva Joly qui nous a apporté beaucoup, j’avais dès 2011 voté pour Nicolas Hulot à la primaire des écologistes parce qu’il était déjà par son action, par son évolution et par sa popularité, l’homme de la situation. Il l’est évidemment encore plus aujourd’hui alors que les partis de gauche et de droite ont fait preuve de leur impuissance face au monde de la finance, que la menace populiste se fait de plus en plus pesante et que les désastres écologistes risquent de nous atteindre de plus en plus rapidement.

Même si c’est dans une regrettable tradition de la Ve République, il faut bien reconnaître que lui seul peut réussir ce rendez-vous avec le peuple de France et engager les transformations que l’urgence écologique et sociale impose. C’est pourquoi, modestement, j’espère et soutiens la candidature de Nicolas Hulot à l’élection présidentielle.