La bonne réponse au burkini c’est plus de liberté

Comme tout ce qui est nouveau, voir pour la première fois un burkini sur une plage peut choquer, dans le sens de « créer un choc ». Mais, passée la surprise, un choc dont on peut se remettre facilement. Cela fait des décennies que les créateurs de mode rivalisent d’ingéniosité pour enlever ou rajouter des morceaux de tissu à leurs maillots de bain tant féminins que masculins sans que cela ne traumatise personne sur les plages où l’on constate une grande diversité.

Personne ne trouverait à redire à ce quelqu’un se baigne tout habillé, ce quelqu’un se ferait regarder un peu plus que les autres, mais à peine plus qu’une femme en tenue de plongée ou qu’un homme gardant son tee-shirt. Si l’apparition du burkini suscite plus d’émotion, c’est évidemment parce qu’il ne relève pas de la simple fantaisie d’un individu mais qu’il est porteur d’une signification sociale.

Il est sain de s’inquiéter de la recherche d’une plus grande visibilité de la religion dans l’espace public, cette recherche n’étant évidemment pas neutre. Mais y apporter comme réponse l’interdiction, sur des bases juridiques faibles, est la pire des réponses qui soit, et ne peut que faire le jeu des fondamentalistes. La réponse intelligente à l’intégrisme religieux ce n’est pas moins de liberté mais plus de liberté : et donc de décréter maintenant une liberté totale sur toutes les plages, du naturisme au costume trois-pièces.

Michel Rocard, l’honneur de la gauche

Je ne peux pas laisser Michel Rocard nous quitter sans dire un mot de l’importance qu’il a eue sur mon engagement politique. En 1969 j’avais la télévision depuis peu et avais suivi assidûment les débats pour l’élection présidentielle. Par rapport aux autres candidats, assister aux prestations de Michel Rocard avait une saveur particulière parce que, en l’écoutant, on avait l’impression de devenir plus intelligent… Ce qui, à 14 ans, vous marque forcément.

Plus tard, après avoir quitté les écologistes à cause de leur positionnement « ni droite ni gauche » et marqué ma sympathie aux libertaires, c’est bien lui, Michel Rocard, qui m’a fait franchir le pas d’adhérer à ce parti réformiste qu’était le Parti socialiste, afin qu’il soit le candidat des socialistes à l’élection présidentielle de 1981. On sait ce qu’a été la suite… Mais, dès 1980, j’avais assisté à une réunion locale animée par des proches de Michel Rocard où ils décrivaient leur souhait de mettre en place un « revenu minimum d’existence », idée qui paraissait complètement utopique voire saugrenue dans la société française de l’époque et même au Parti socialiste.

Mais en 1985 au congrès de Toulouse, bien qu’encore une fois minoritaire, Michel Rocard parvient à faire inscrire dans la motion de synthèse cette idée de revenu minimum d’existence qui deviendra un élément de programme du PS. On sait ce qu’il advient de bon nombre de promesses des programmes politiques… Pourtant, quand il a été en situation de gouverner en 1988, Michel Rocard a mis en place ce qui paraissait complètement utopique peu de temps avant et créé le RMI ! Chapeau bas.

Au cours de ses trois années à la tête du gouvernement il a aussi mis en place la CSG, qui était révolutionnaire dans le sens qu’elle concrétisait l’idée que la protection sociale ne devait pas être financée uniquement par les revenus du travail mais par l’ensemble des revenus, dont les revenus financiers. Elle a été vilipendée tant par la droite que par certains syndicats, pour être ensuite très vite acceptée par l’ensemble de la société parce qu’elle était juste.

Comment également ne pas saluer sa démarche de dialogue en Nouvelle-Calédonie où, après les dégâts provoqués par le lâche et sanguinaire Bernard Pons, il a su créer les conditions pour que s’établisse une paix durable ? Encore une action où l’on n’aurait pas trouvé grand monde pour parier sur sa réussite.

Pourtant, comme tout grand homme, il a eu ses faiblesses : je ne comprends toujours pas pourquoi il a facilité la carrière politique de Manuel Valls, qui est son exact contraire.

Toutefois, à la suite de Jean Jaurès et de Léon Blum, il restera de ceux qui ont marqué et honoré l’histoire de la gauche.

 

Un PLU hors sol est voté au conseil municipal du 30 juin

Dans la droite ligne du PADD voté en septembre, le projet de PLU (plan local d’urbanisme) voté ce 30 juin au conseil municipal comporte plein de belles phrases sans doute obligatoires pour coller à l’air du temps mais qui ne sont portées par aucune volonté politique.

Un des exemples les plus criants, au chapitre « Faciliter les déplacements des Soiséens » est la phrase « s’assurer de la qualité des liaisons entre le pôle multimodal et les quartiers de Soisy-sous-Montmorency, notamment le centre-ville (liaison douce nord/sud) » : alors qu’il y avait l’opportunité de commencer à mettre en place cette liaison douce nord-sud avec le contresens cycliste chemin du Parc, la mairie y a finalement renoncé après dix-huit mois d’atermoiements (cf. mon article du 29 juin).

Quelle confiance les citoyens peuvent-ils avoir dans les politiques quand il y a une telle distance entre les discours et la réalité ? Pour marquer mon opposition à ces pratiques j’ai voté contre ce projet de PLU et j’ai été le seul à le faire, les socialistes s’abstenant sans que l’on sache ce qui motivait leur abstention.

Par ailleurs, à l’occasion d’une délibération sur l’organisation des polices municipales, on a appris incidemment qu’il y avait des différences de conception importantes entre les anciennes communes de la Cavam dont Soisy-sous-Montmorency fait partie et celles de la communauté de communes de l’ouest de la plaine de France qui forment maintenant la communauté d’agglomération Plaine-Vallée. Pourtant, pour justifier son choix de faire l’union avec la CCOPF plutôt qu’avec Val-et-Forêt, M. Strehaiano avait parlé de communauté de projet…

Le maire adjoint à l’environnement trouve trop compliqué de faire une piste cyclable

Lors du conseil municipal du 6 novembre 2014, j’avais émis la suggestion de profiter des travaux en cours chemin du Parc pour créer un contresens cyclable. A mon grand étonnement, le maire en avait accepté le principe et déclaré qu’il fallait que je sois invité à une prochaine commission de l’environnement pour en étudier les modalités.

Après rappel de ma part en octobre 2015 et plusieurs reports, je n’ai finalement été invité à cette commission que le 3 février 2016 ! Où les services techniques et les élus de la majorité ont surtout fait état de toutes les difficultés que présentait ce petit aménagement. Néanmoins, je suis reparti avec le sentiment qu’ils étaient déterminés à trouver les solutions et à les mettre en œuvre.

Las ! A la lecture du compte-rendu de la réunion du 23 juin 2016 de cette commission, j’apprends que « le contresens n’est pas envisageable » (pourquoi ?) et qu’il a été demandé aux services techniques de retravailler le projet en créant une voie montante et une voie descendante. Après étude cela a été chiffré à 16.000 euros (!) mais il n’a pas été trouvé de solution pour remédier à la dangerosité du débouché sur la place de Verdun. Conclusion, 4 membres sont défavorables à la mise en place de cette piste cyclable et 1 membre s’abstient…

Pour faire bonne figure, le maire adjoint à l’environnement, Michel Verna, ajoute qu’il « pense qu’il est préférable de travailler sur un maillage cohérent et non par la mise en place de pistes éparses ». Beau raisonnement mais, depuis 8 ans qu’il est au conseil municipal et 2 ans qu’il est maire adjoint, il n’a jamais fait la moindre proposition dans ce sens…

 

Victoire provisoire des démocraticides à Notre-Dame-des-Landes

Malgré la victoire du « oui » au référendum sur Notre-Dame-des-Landes, les opposants à l’aéroport ont annoncé qu’ils continuaient le combat et ils ont bien raison, tant les conditions dans lesquelles s’est déroulé ce référendum sont scandaleuses :

— c’est un projet que les régions Bretagne et Pays de la Loire sont appelées à financer, mais le gouvernement a décidé de consulter sur le seul périmètre qui pouvait lui être favorable, le département de Loire-Atlantique ;
— la question posée aux électeurs induisait volontairement en erreur puisqu’il ne s’agit pas du transfert de l’aéroport Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes mais de la construction d’un nouvel aéroport, Nantes-Atlantique restant de toutes façons en activité.

Cette façon d’utiliser les outils de la démocratie pour arriver à ses fins est porteuse de tous les dangers parce que les citoyens finissent par se dire que c’est la démocratie qui est source de tous leurs maux, avec toutes les conséquences populistes que l’on peut imaginer. Nos gouvernants sont en train de tuer la démocratie, il est urgent de les mettre hors d’état de nuire.

C’est ce gouvernement qui est dangereux, c’est ce gouvernement qu’il faut interdire

Non content d’exploiter de façon particulièrement indigne les dégradations lors des dernières manifestations — alors que de nombreux observateurs dont des syndicats policiers s’étonnent de certaines consignes données aux forces de l’ordre —, ce gouvernement franchit un pas de plus dans l’ignominie en osant interdire une manifestation déclarée par les plus grandes organisations syndicales.

Comme y appelle la Ligue des droits de l’homme c’est donc maintenant — sous un gouvernement prétendûment de gauche — la liberté de manifester qu’il faut défendre et bien sûr j’y serai. Tout en sachant que, tant que ce Premier ministre pyromane sera à Matignon, le pays ne pourra retrouver la paix.

Évidemment Nicolas Hulot

Je ne vais pas faire moi aussi mon « appel du 18 juin » mais maintenant que le congrès de mon parti, Europe Ecologie Les Verts, est passé, il est utile de s’occuper de l’étape suivante, l’élection présidentielle.

Je pense toujours autant de mal de cette élection qui est la clé de voûte d’un système reposant sur un seul homme qui peut si facilement s’affranchir des engagements qu’il a pris devant ceux qui lui ont fait confiance. Toutefois, ce n’est pas encore la dictature, et autant essayer d’utiliser au mieux les outils qui sont à notre disposition, l’élection présidentielle en étant une parmi d’autres.

Quelle que soit l’estime que j’ai pour Eva Joly qui nous a apporté beaucoup, j’avais dès 2011 voté pour Nicolas Hulot à la primaire des écologistes parce qu’il était déjà par son action, par son évolution et par sa popularité, l’homme de la situation. Il l’est évidemment encore plus aujourd’hui alors que les partis de gauche et de droite ont fait preuve de leur impuissance face au monde de la finance, que la menace populiste se fait de plus en plus pesante et que les désastres écologistes risquent de nous atteindre de plus en plus rapidement.

Même si c’est dans une regrettable tradition de la Ve République, il faut bien reconnaître que lui seul peut réussir ce rendez-vous avec le peuple de France et engager les transformations que l’urgence écologique et sociale impose. C’est pourquoi, modestement, j’espère et soutiens la candidature de Nicolas Hulot à l’élection présidentielle.

Échos du conseil municipal du 26 mai 2016

Pas d’événement saillant à ce conseil municipal du 26 mai qui est dans la continuité des précédents. Les socialistes de Soisy pour Tous ont bataillé pendant une heure sur des modifications mineures du règlement intérieur du conseil municipal. Si j’ai apporté mon soutien à leur demande qu’un conseiller municipal minoritaire puisse faire inscrire une question à l’ordre du jour, le reste n’était que pinaillages difficilement compréhensibles.

Les modifications apportées aux plans du futur espace culturel ont été validées à l’unanimité par le conseil. La principale nouvelle information est qu’il est prévu de créer un café-bar faisant de la restauration rapide à proximité, sur l’emplacement de l’actuelle miroiterie, ce qui paraît judicieux.

Le conseil s’est également inscrit dans la mode actuelle d’installer des ruches municipales, par convention avec un apiculteur. C’est évidemment une excellente chose, ne serait-ce que du point de vue pédagogique. Mais il conviendrait aussi que, dans le même temps, il ne soit pas continué à autoriser l’épandage des produits néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Or, sur les cinq sénateurs du Val-d’Oise, seul Hugues Portelli a voté pour l’interdiction, l’abstention des trois sénateurs « de gauche » étant particulièrement pitoyable.

Et, en fin de conseil, nous avons appris que les socialistes locaux avaient engagé depuis le début du mandat neuf procédures en contentieux contre la Ville. Ça donne toujours du travail aux avocats…

Les limites du débat public sur Europacity

La loi de 1995 instituant la Commission nationale du débat public (CNDP) a été incontestablement un progrès démocratique puisqu’elle a permis que les grands projets d’aménagement ne se négocient plus discrètement entre élus déconnectés et promoteurs intéressés mais soient débattus au grand jour. De plus, la loi de 2002 relative à la démocratie de proximité garantissant l’indépendance de la Commission est appliquée et il n’y a pas lieu de mettre en cause la neutralité des membres qui animent, du 15 mars au 30 juin, le débat public sur le projet Europacity porté par le groupe Auchan.

Toutefois, on ne peut pas dire que tous les participants soient à égalité dans ce débat : si, effectivement, n’importe quel citoyen lambda peut s’exprimer lors des réunions publiques et lors des ateliers thématiques, tout le monde ne bénéficie pas des mêmes conditions. Exemple avec l’atelier sur « l’offre culturelle et de loisirs et l’attractivité touristique » qui s’est tenu le 11 mai à Villiers-le-Bel : il y a les « experts » qui sont face à la salle, qui utilisent l’écran pour passer leurs diapositives et qui disposent jusqu’à 20 minutes, et il y a le public dans la la salle qui a droit à 1 minute pour poser une question ou 3 minutes pour faire une intervention.

Cette inégalité entre « experts » et public ne serait pas gênante si la parole des experts était réellement neutre. Or, si l’on peut considérer que c’était le cas de l’intervention du directeur de l’Observatoire des politiques culturelles, ce ne fut plus vrai pour les suivants. Après la présentation, logiquement sous son meilleur jour, par le maître d’ouvrage de son projet, les interventions du représentant de la Réunion des musées nationaux et de celle d’Universciences — qui ont noué des « partenariats » avec le maître d’ouvrage mais ne seront pas forcément opérateurs — visaient à montrer tout l’intérêt du projet. Encore plus avec les interventions d’un membre du conseil scientifique de l’Atelier international du Grand Paris et d’un de ses partenaires qui avançaient des données et des chiffres complètement invérifiables pour arriver à la conclusion que le projet d’Immochan était vraiment une bonne chose pour le  tourisme.

La vraie égalité de traitement, ce serait que les opposants à Europacity puissent disposer des mêmes conditions d’exposé de leurs arguments avec appel à des experts et projection de documents audiovisuels. Tout en sachant que, si cela pourrait avoir un effet sur les citoyens venus de bonne foi s’informer, cela n’aurait guère d’influence sur le maître d’ouvrage qui reste libre de sa décision…

 

Les leçons venues d’Autriche

La presse a fait ses gros titres sur le fait que, pour la première fois, un candidat d’extrême droite était arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle en Autriche et a retenu comme fait marquant que les deux principaux partis traditionnels étaient éliminés du second tour.

Pourtant, en Autriche comme en France et dans la plupart des pays européens, il n’y a rien d’étonnant à ce que les partis socialistes et les partis conservateurs qui, quels que soient leurs discours, mènent de fait quasiment la même politique quand ils sont au pouvoir, soient complètement discrédités. Volontairement ou par manque de courage politique, tout le monde voit bien qu’ils ne sont que les jouets du monde de la finance, ce qui a pour effet que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres.

Rien d’étonnant alors que les électeurs se tournent vers ceux qui apparaissent hors du système, le problème moral n’apparaissant plus aussi clairement vu la teneur de certains discours de la classe politique en place et les scandales qui frappent plusieurs de ses membres. Évidemment, les politiques populistes n’arrangeraient en rien la situation des peuples et poseraient beaucoup d’autres problèmes, mais nous sommes ainsi faits que souvent on a besoin de le voir pour le croire.

Mais ce que nous dit aussi cette élection autrichienne, c’est que la seule alternative crédible au national-populisme et au libéralisme ce sont les écologistes, qui posent les bonnes questions et qui ont les réponses pour organiser une vie harmonieuse entre tous les humains d’une part et entre les humains et leur environnement. Certes, les écologistes étant des humains comme les autres, ils sont également susceptibles de partir à la dérive et hélas discréditent les organisations dont ils font partie. Mais, qu’elle soit portée par quelqu’un issu de ses rangs ou par des femmes et des hommes venant d’ailleurs, l’écologie apparaîtra de plus en plus comme le seul recours contre le fascisme et le libéralisme.