Le rapport d’enquête sénatoriale sur le dopage qui vient d’être rendu public met au grand jour ce que tout le monde savait confusément sans vouloir se l’avouer : plus on monte dans l’élite sportive, plus le dopage fait des ravages, et ce dans quasiment toutes les disciplines. Le rapport sénatorial fait des propositions, qui vont classiquement de la prévention à la répression en passant par le contrôle, mais est-ce que cela sera suffisant dans un monde où les tricheurs ont presque toujours une technologie d’avance sur les contrôleurs ?
Ne vaudrait-il pas mieux s’attaquer aux sources du mal ? Ces sources sont connues : d’une part tout le business, avec des sommes colossales en jeu, qui se fait avec le sport de haut niveau. La professionnalisation elle-même pose question : à partir du moment où le sportif n’a que cette activité-là pour vivre, il a une obligation de résultat, ce qui rend les dérives quasi inévitables. On a bien vu, par exemple, les changements de pratiques et d’état d’esprit depuis que le rugby s’est professionnalisé.
L’on pourrait s’interroger aussi sur la notion même de compétition. La compétition fait partie de l’activité sportive, se mesurer et se comparer aux autres est un réflexe humain, et cela permet de progresser dans sa pratique. Mais jusqu’à quel point faut-il aller ? Normal de se mesurer à l’intérieur de son club et ensuite avec les clubs de la région. Mais après, pourquoi vouloir être le meilleur du pays, du continent, de la planète ? Hormis l’argent, qu’est-ce que cela apporte à l’individu qui est obligé de faire ça à plein temps pour rester au top niveau ? Et est-ce que le spectacle qu’il offre est vraiment supérieur à celui que peuvent offrir de bons amateurs ?
Il y a au moins un sport qui échappe à tous ces problèmes : l’aïkido. L’entraînement est exigeant et peut durer toute une vie, mais il n’y a pas de compétition avec des adversaires, il y a stimulation avec des partenaires. La seule compétition est avec soi-même dans la recherche de perfection et d’harmonie. Tout n’est pas forcément transposable dans d’autres disciplines, mais ne pourrait-on pas au moins s’inspirer de cet état d’esprit ?