« Il faut jeter la rancune à la rivière » : la première fois que j’ai entendu cette expression c’était dans la bouche de Valéry Giscard d’Estaing à propos de son ancien Premier ministre Jacques Chirac. C’est Jean-Luc Mélenchon qui l’utilise aujourd’hui pour justifier son accord avec les autres partis de gauche, alors que des propos plus qu’acerbes sur le fond et la forme ont fusé de part et d’autre ces derniers mois.
Fort bien. Vu le danger représenté par l’extrême droite aux portes du pouvoir, on ne peut que s’en féliciter. Mais cet état d’esprit qu’il applique à l’égard des partenaires, que ne l’applique-t-il à l’intérieur de son mouvement ? Vu le fort désir d’union qu’il y a toujours eu parmi le peuple de gauche, sans doute a-t-il jugé qu’il n’avait pas le choix en ce qui concerne les partenaires. Mais pas question d’appliquer le même principe chez lui. François Ruffin et Clémentine Autain ont été épargnés parce que trop connus et trop populaires, mais exit les autres qui ont commis un crime de lèse-majesté en gardant leur liberté de parole en interne. Chez les Insoumis on n’accepte que les soumis.
Malgré ses indéniables qualités de débatteur, Jean-Luc Mélenchon est incapable d’expliquer et de justifier sérieusement ces contradictions. Et cela augure bien mal des relations à l’intérieur de ce gouvernement de gauche que j’appelle de mes vœux.